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Salah Abdeslam a été condamné, le 29 juin dans la soirée, à la peine la plus lourde existant dans le Code pénal.
Salah Abdeslam a été condamné, le 29 juin dans la soirée, à la peine la plus lourde existant dans le Code pénal.
Benoit PEYRUCQ / AFP

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Attentats du 13-Novembre : pourquoi Salah Abdeslam a raté son procès

Perpétuité incompressible

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Durant les 148 jours qu’a duré le procès des attentats du 13-Novembre, Abdeslam, principal accusé, 10e homme des commandos, s’est métamorphosé. Le prêcheur djihadiste a peu à peu fendu l’armure en apparence mais a manqué de s’expliquer sur des éléments essentiels. Ce qui a dû peser dans la décision de la cour d’assises de Paris, qui l’a condamné, mercredi soir, à la perpétuité incompressible. Portrait fleuve.

« Votre profession ? » Le procès des attentats du 13-Novembre ne faisait que débuter. La question de Jean-Louis Périès, président de la cour d’assises spécialement composée, était toute banale. Et la réponse de Salah Abdeslam a frappé les esprits comme la foudre : « J’ai délaissé ma profession pour devenir un combattant de l’État islamique. » Dès ses premiers mots, mercredi 8 septembre, le djihadiste de 32 ans montre qu’il est claquemuré dans son idéologie. Arrogant. Sûr de son rang. Puis 148 jours d’audience passent.

Deux jours avant le verdict de cette audience qui fut le plus longue de notre histoire judiciaire d’après-guerre , lundi 27 juin, c’est presque un autre homme qui semble s’exprimer à la barre. Depuis son box vitré, où siègent 10 autres accusés, Salah Abdeslam monte au micro et réserve ses tout derniers mots aux victimes : « Je vous ai présenté mes excuses, certains vous diront qu’elles sont insincères, que c’est une stratégie. » Il continue : « Plus de 130 morts, 400 blessés… Qui peut présenter des excuses insincères après tant de souffrances ? »

A-t-il eu un spasme d’humanité ? L’espoir de la clémence de la justice ? Finalement condamné mercredi soir à la perpétuité incompressible , rendant quasi illusoires ses chances de sorties, Salah Abdeslam a en réalité connu au cours de ce procès éprouvant, un réel cheminement. Loin, très loin, de renier les actes meurtriers de ses frères terroristes qui ont fauché 130 vies, il a semblé osciller entre plusieurs identités, celle du « petit gars de Molenbeek » prêt à faire montre d’humanité, à celle de « l'intérimaire revendiqué de l'État islamique », radicalement hermétique, pour conserver les formules de ses deux jeunes avocats, Mes Martin Vettes et Olivia Ronen.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne