On est toujours le con d’un autre, dit-on. L’histoire de France laisse cependant deviner des cons objectifs, à l’origine d’étonnants ratages, même si certains surent à titre personnel conduire de belles et longues carrières.
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Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano (1763-1839)
L’anti-Talleyrand
« Je ne connais au monde qu’un homme plus bête que M. Maret, c’est Son Excellence le duc de Bassano… » soupirait Talleyrand. Contrairement aux autres ducs de la noblesse d’Empire, Maret ne devait pas son titre à d’éclatantes victoires sur les champs de bataille, mais à son caractère besogneux : éternel gratte-papier de la Révolution et de l’Empire, cet administrateur obtint d’entrer dans la diplomatie et devint ministre des Relations extérieures en 1811, puis pair de France en 1831. Napoléon lui doit les décisions les plus funestes de son règne en matière de politique étrangère, comme la désastreuse invasion de l’Espagne, ou le refus d’un traité par lequel les puissances coalisées, au début de 1813, acceptaient de garantir durablement la sécurité de la France en lui cédant toute la rive gauche du Rhin. Quand l’Empereur se rendit compte de son erreur, il était trop tard, et plus rien ne pouvait empêcher la déroute. « On a exagéré nos pertes, persiflait encore Talleyrand au moment de la retraite de Russie. On annonçait que tout le matériel était perdu. Et voici qu’on apprend le retour du duc de Bassano… »
Edme Patrice de Mac-Mahon, duc de Magenta (1808-1893)