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Les entrepôts de Castel Frères sur le site de Blanquefort (Gironde) ont été bloqués par des viticulteurs ce mercredi 28 février.
Les entrepôts de Castel Frères sur le site de Blanquefort (Gironde) ont été bloqués par des viticulteurs ce mercredi 28 février.
Philippe Roy / Aurimages via AFP

"Vends ton hélico, paye nos tonneaux" : des viticulteurs bloquent les entrepôts du géant mondial du négoce

Loi Egalim

Par Marianne avec AFP

Publié le

Ce mercredi 28 février, des viticulteurs bordelais ont bloqué l'accès aux entrepôts de Castel Frères, géant mondial du négoce de vin, sur le site de Blanquefort, dans la banlieue de la capitale girondine, pour réclamer des prix d'achat « qui prennent en compte les coûts de production ».

Action coup de poing, ce mercredi 28 février au matin, près de Bordeaux. Une centaine de viticulteurs et une trentaine de tracteurs ont bloqué l'accès aux entrepôts de Castel Frères, géant mondial du négoce de vin, pour réclamer des prix d'achat « qui prennent en compte les coûts de production ». Réunis à l'appel des syndicats agricoles FNSEA 33 (Gironde) et Jeunes agriculteurs (JA), les manifestants ont déversé du fumier, du foin, des pneus ou encore des ceps de vigne devant l'entrée du site de Blanquefort, près de Bordeaux – considéré comme le plus grand chai d'Europe.

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Les viticulteurs veulent alerter sur « les prix de marché et de vrac qui sont nettement en dessous des prix de revient et destructeurs d'exploitations », indique Vincent Bougès, président des JA en Gironde. Selon lui, « avec une campagne de plus à ce niveau de prix sur le marché, on va continuer à achever la filière », alors que le vignoble bordelais, plus grand vignoble AOC de France avec 110 000 hectares, est confronté à une crise de surproduction depuis plusieurs années.

« C'est l'ensemble du système de négoce qui est ciblé »

Branche historique du groupe Castel, géant mondial du négoce d'alcool fondé par Pierre Castel, Castel Frères revendique sur son site web de « vendre 16 bouteilles chaque seconde » et d'être leader de la distribution de vin en France et eu Europe, et le numéro trois dans le monde. Pour Vincent Bougès, « Castel est un symbole. À travers eux, c'est l'ensemble du système de négoce qui est ciblé ». Parmi les slogans des manifestants, on pouvait lire mercredi matin une banderole ciblant le cofondateur du groupe, Pierre Castel, milliardaire âgé de 97 ans qui réside en Suisse : « Vends ton hélico, paye nos tonneaux ».

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La semaine passée, le tribunal de commerce de Bordeaux a condamné deux négociants girondins à verser 350 000 euros à un viticulteur du Médoc qui les accusait d'avoir violé la loi Egalim sur les prix agricoles en lui achetant son vin en vrac à un tarif « abusivement bas ». « Cette décision arrive à un moment clé où l'on parle des prix rémunérateurs. Tout cela doit inspirer nos organisations à légiférer sur la question du prix de revient, qui doit faire partie intégrante du prix d'achat », a martelé Vincent Bougès. Le gouvernement prévoit de présenter « d'ici l'été » un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif Egalim » qui doit permettre une meilleure rémunération des agriculteurs dans le cadre des négociations entre distributeurs et fournisseurs agro-industriels.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne