Accueil

Politique Macron
Laminée aux législatives, désavouée par les parlementaires, Emmanuelle Wargon recasée par Macron
Par la grâce présidentielle, Emmanuelle Wargon a rapidement retrouvé un poste bien placé.
Alfonso Jimenez/Shutterstock/SIPA

Laminée aux législatives, désavouée par les parlementaires, Emmanuelle Wargon recasée par Macron

Pif paf pouf

Par

Publié le

Malgré son échec aux législatives – éliminée dès le premier tour – l'ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon vient officiellement de retrouver un poste. En vertu d'un décret signé par Emmanuel Macron et publié au Journal officiel ce 17 août, elle prend la tête de la Commission de régulation de l'énergie. Une majorité de parlementaires s'y étaient pourtant opposés.

Son naufrage aux législatives est, semble-t-il, déjà oublié. Emmanuelle Wargon, ancienne ministre du Logement, prend officiellement la tête de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), l'autorité administrative indépendante chargée de veiller au bon fonctionnement du marché de l'énergie. Le décret de nomination a été publié au Journal officiel, ce mercredi 17 août. Il est signé par Emmanuel Macron.

Cette nomination reste controversée. Début août, une majorité de parlementaires s'y était opposée, sans parvenir à l'empêcher. À l’issue du « grand oral » de l'ancienne ministre devant la représentation nationale, 48 élus avaient voté contre, 43 pour. Mais, selon la Constitution, les parlementaires doivent toutefois réunir « au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés » pour s'opposer à une nomination proposée par le président. Pas de véto donc, mais un sévère camouflet pour la Macronie et l'ancienne ministre, qui a notamment porté la réforme du calcul des APL.

Curieuse indépendance

Par la grâce présidentielle, Emmanuelle Wargon a donc rapidement retrouvé un poste bien placé, comme Jean-Michel Blanquer qui se recyclera à l'université Paris-Assas. Parachutée dans la 8e circonscription du Val-de-Marne, Emmanuelle Wargon avait pourtant été éliminée au premier tour des législatives, en ne récoltant que 18,93 % des voix.

A LIRE AUSSI : Succès, revers en trompe-l’œil ou vrais échecs : le palmarès des ministres aux législatives

« J'ai tourné une page, je me suis engagé politiquement, cet engagement prend fin avec cette nomination », avait-elle expliqué aux parlementaires début août, en jurant de diriger la CRE « en toute liberté ». On a toutefois connu mieux comme garantie d'indépendance. Elle succédera à Jean-François Carenco, qui a fait le chemin inverse, en devenant ministre délégué chargé des Outre-mer. Ce qui soulève certains doutes quant à l'indépendance réelle de la stratégique Commission de régulation de l'énergie, qui propose par exemple les tarifs règlementés du gaz et de l'électricité en France.

Pantouflage

Ce n'est pas la première fois qu'une nomination d'Emmanuelle Wargon soulève des interrogations. Son arrivée au gouvernement en 2018, en tant que secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique, avait soulevé une levée de boucliers. En cause : son statut d'ancienne lobbyiste pour Danone, qui l'avait notamment amené à défendre la désastreuse huile de palme.

A LIRE AUSSI : Remaniement : avec Emmanuelle Wargon, Macron promeut la lobbyiste en chef de Danone à l'Ecologie

Lors de sa carrière, Emmanuelle Wargon, fille de Lionel Stoléru ancien secrétaire d'État sous VGE et Mitterrand, a alterné postes de haut fonctionnaire dans le public et emplois grassement payés dans le privé. Un classique du pantouflage, allègrement répandu au sein de la Macronie, qui consiste la plupart du temps à monnayer son réseau et sa connaissance de l'État au profit d'intérêts privés.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne