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Édition : "Nous, les descendants de Céline, on nous a tout volé"
Les premières estimations financières du « trésor littéraire » se chiffrent en dizaines de millions d’euros. « On s’est fait dépouiller », constatent les héritiers du sang.
ECLAIR MONDIAL/SIPA

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Édition : "Nous, les descendants de Céline, on nous a tout volé"

Héritage difficile

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Ils ont été comme « effacés » de l’histoire officielle. Les descendants de Céline et de sa fille Colette, née d’un premier mariage, assistent médusés à la sortie des « inédits » publiés par Gallimard. Parce que, en 1961, pour d’obscures raisons, la famille a renoncé à l’héritage, ils n’ont pas voix au chapitre… Guillaume, arrière-petit-fils de l’écrivain, se confie à « Marianne ».

Un oral du bac de français, en 1989. Un élève, Guillaume, tend une liste d’auteurs à l’examinatrice. Elle choisit un texte de Céline. Guillaume tremble. « Une partie de moi hésitait, je n’arrivais pas à me décider. Lui dire, pas lui dire, je ne parvenais pas à trancher… » À la fin de son exposé, le lycéen lance timidement : « Céline était mon arrière-grand-père. » La professeure de français le regarde, dépitée. « Mais enfin, mon garçon, pourquoi dites-vous une bêtise pareille, Céline n’a pas de descendants ! » Guillaume tente d’insister, puis, devant la détermination de son interlocutrice, renonce en s’excusant presque. « Elle ne m’a jamais cru. C’était pourtant l’exacte vérité » glisse aujourd’hui ce père de famille parisien qui tient à son anonymat.

L’épisode résume à lui seul toute l’histoire de la famille de Louis-Ferdinand Destouches : « Nous, ses héritiers du sang, on n’a hérité que des emmerdes. » Guillaume, chef d’entreprise dans l’immobilier, est l’aîné de la dizaine d’arrière-petits-enfants du romancier, la génération des petits-enfants de Colette, la fille unique de Céline. La génération d’après, la quatrième, compte elle aussi une quinzaine d’autres cousins, qui ne tarderont pas à passer l’épreuve de ce fameux bac de français. Céline, qui a tant reproché à sa fille ses cinq enfants, froncerait les sourcils devant une descendance si nombreuse.

Rupture à sens unique

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne