La députée écologiste débarque en librairie avec un ouvrage écrit à six mains, pensé comme un manifeste. Le court essai pâtit d'une grande confusion. Plus étonnant, il ne propose pas de véritable changement radical à même d'engendrer un bouleversement significatif de l'ordre social.
Le kouign amann est une petite pâtisserie bretonne qui tient dans le creux de la main, mais renferme plus de 400 calories à travers ses multiples couches de beurre et de sucre caramélisé. Au risque de nous faire quelques ennemis du côté de Douarnenez, on pourrait établir un parallèle entre le gâteau finistérien et le nouveau livre de Sandrine Rousseau, Par-delà l'androcène (Seuil), qui paraît ce vendredi 26 août : la digestion est difficile. L'opus produit par la pasionaria écologiste, coécrit avec les autrices Adélaïde Bon et Sandrine Roudaut, ne compte que 60 pages. Mais c'est déjà trop.
L'ambition n'est pourtant pas mince : Sandrine Rousseau, défaite de peu à la primaire écologiste en septembre 2021, entend théoriser sa pensée politique, qui place en son centre le concept d'Androcène. Pour l'écologiste, il ne suffit pas d'évoquer « l'anthropocène », terme qui décrit l'époque où l'homme exerce une influence significative sur l'écosystème au point d'entraîner le dérèglement climatique ; il faut plutôt dénoncer l'Androcène, à savoir « l'ère au cours de laquelle une poignée d'oppresseurs, différents selon les lieux ou les époques, ont exploité et asservi la multitude pour leurs intérêts propres ». Et de proposer alors « cinq pistes pour congédier les mécaniques qui ont abîmé la Terre et les êtres, pour établir de nouveaux accords et équilibres. Cinq accords pour passer d’un sentiment d’impuissance à l’exercice de notre puissance. » Rien que ça. Malheureusement, on constate vite que Platon, Marx et Hannah Arendt sont bien loin.
