Pour façonner et asseoir son pouvoir, le président russe s’est servi de deux leviers : un récit national fondé sur la nostalgie de la Sainte Russie et un système mafieux avec son armée d’oligarques plus ou moins soumis.
Sous l’effet du réel – l’invasion, les bombes, les morts, l’exode… –, ceux qui tenaient Vladimir Poutine pour un « patriote qui défend son pays » et Volodymyr Zelensky, au mieux, pour un opportuniste aux molles convictions ont dû arranger les mots. La preuve par Éric Zemmour : « Aujourd’hui, le patriotisme de Zelensky est un patriotisme héroïque et celui de Poutine, un patriotisme d’agresseur, impossible de les mettre sur le même plan » a-t-il assuré il y a peu.
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Forcée ou sincère, cette rectification un rien acrobatique ne convaincra probablement pas les contempteurs du candidat de la droite identitaire, tant associer le président russe à la notion même de patriotisme relève pour beaucoup d’un incompréhensible oxymore. À leurs yeux, de son accession au pouvoir suprême en mars 2000 jusqu’à sa déclaration de guerre du 24 février, l’ancien lieutenant-colonel du KGB n’aurait servi que ses intérêts et ceux de ses « complices », superprédateur des richesses de la Russie, aussi brutal que cynique et en réalité totalement indifférent au sort de son pays.