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Argentine : la CGT locale appelle à la grève générale contre les réformes ultralibérales de Milei
Un mois et demi après son arrivée au pouvoir, le président Javier Milei doit faire face à un appel à la grève générale lancé par la CGT en Argentine.
CHINE NOUVELLE/SIPA

Argentine : la CGT locale appelle à la grève générale contre les réformes ultralibérales de Milei

Tous ensemble, tous ensemble

Par Marianne avec AFP

Publié le

La principale centrale syndicale d'Argentine, la CGT, a appelé à une grève générale le 24 janvier pour protester contre les premiers décrets et projets de loi de la présidence ultralibérale du nouveau président aux obsessions libertariennes, Javier Milei.

C'est la première fois en 40 ans de démocratie qu'un président argentin doit faire face à une grève générale un mois et demi après son arrivée au pouvoir. Hector Daer, secrétaire général de la CGT – la principale centrale syndicale revendique 7 millions d'affiliés, dans un pays qui compte 45 millions d'habitants –, a annoncé lors d'une conférence de presse une grève pour le 24 janvier prochain. Une mobilisation est prévue devant le parlement qui examinera alors les projets de loi dérégulateurs « qui vont à l'encontre de toute la société » et concentrent « tous les pouvoirs publics » entre les mains du président, selon lui.

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La mobilisation, a poursuivi le dirigeant syndical, vise en particulier un « décret de nécessité et d'urgence » publié le 20 décembre par le gouvernement, ouvrant la voie à une dérégulation massive de l'économie, mais au « caractère illégal et inconstitutionnel ». « Ce décret s'en prend aux droits individuels des travailleurs, aux droits collectifs, à un système de santé universel et solidaire, et à un nombre incalculable de sujets qui constituent notre pays », a insisté Hector Daer. « En moins d'une semaine, ils transforment l'Argentine et nous ramènent à l'Argentine pastorale », a-t-il dénoncé.

Une série de mesures d'austérité déjà effectives

Javier Milei, ultralibéral et « anarcho-capitaliste » comme il se décrit lui-même, a depuis son investiture le 10 décembre publié un décret de dérégulation de l'économie à travers l'abrogation de quelque 300 normes. Un décret techniquement en vigueur à partir de ce vendredi, mais sous réserve d'approbation ultérieure par le parlement.

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Le président a aussi poursuivi son élan libéral en déposant mercredi au Parlement un ensemble détaillé de projets ou modifications de lois, affectant une multitude de domaines de la sphère publique et privée : pêle-mêle du fiscal à l'électoral, à la journée de travail, au calcul des retraites, au contrôle et sanctions de manifestations, ou à l'instauration d'un « divorce express ». Ce vaste train de réformes, dit « loi-omnibus » doit lui aussi être examiné par le parlement, et les avis juridiques divergent sur le temps effectif – des mois, voire des années selon certains – qu'il faudrait pour examiner les quelque 600 articles.

Une autre interrogation porte sur l'issue elle-même du processus parlementaire sur certaines dispositions polémiques, avec un Parlement sans majorité absolue dans aucune des deux chambres. Et où le parti de Milei, la Libertad Avanza, n'est que la troisième force – même s'il peut compter avec l'appui du bloc de centre-droit, le deuxième en importance.

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La mobilisation n'a toutefois pas attendu, avec trois manifestations en un peu plus d'une semaine à Buenos Aires, et plusieurs recours en justice déposés contre le décret d'urgence du 20 décembre. Dont certains par la CGT elle-même mercredi. Sont d'ores et déjà effectives, et avec un effet immédiat sur le porte-monnaie des Argentins, une première série de mesures d'austérité annoncée aux premiers jours de la présidence Milei.

Ainsi la dévaluation de plus de 50 % du peso, la devise nationale, et la baisse dès début janvier de subventions aux transports et à l'énergie, se traduisant en une hausse immédiate de tarifs vouée à affecter le quotidien de plusieurs millions d'Argentins. L'objectif pour le gouvernement est la réduction drastique du déficit budgétaire chronique de l'Argentine, engluée dans une inflation à 160 % sur un an.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne