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"C’est leur obsession" : Mélenchon au centre des débats… du Conseil national du PS
Le siège du Parti socialiste se situe désormais à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
THOMAS SAMSON / AFP

"C’est leur obsession" : Mélenchon au centre des débats… du Conseil national du PS

Après la déroute

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Réuni en Conseil national quelques jours après la déroute d'Anne Hidalgo, le PS s'est prononcé en majorité pour des discussions avec La France Insoumise pour les législatives. Quitte à ulcérer quelques socialistes qui n'apprécient pas franchement l'idée d'un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon…

Entériner la déroute et préparer la suite ? Quelques jours après l’échec cinglant d’Anne Hidalgo au premier tour de l’élection présidentielle, le Parti socialiste (PS) était réuni en Conseil national ce mardi soir. Très vite, les discussions ont tourné autour du rassemblement de la gauche pour les législatives et de… Jean-Luc Mélenchon.

À l'issue de la soirée, les socialistes ont voté à l'unanimité une première motion pour « appeler les citoyens à̀ battre la candidate de l’extrême droite en utilisant le bulletin de vote Emmanuel Macron ». Une deuxième motion adoptée à la majorité s'est prononcée en faveur d'un « rassemblement de l’ensemble des forces de gauche et écologistes » pour les législatives. Et donc y compris, La France Insoumise (LFI). Quelque 160 votants se sont prononcés en faveur de cette motion, 75 contre et 10 se sont abstenus. Une victoire pour le premier secrétaire Olivier Faure qui y était favorable et a estimé au cours du Conseil national que le PS « pouvait mener des combats communs avec Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale ».

Avec ou sans Jean-Luc Mélenchon

Depuis plusieurs jours, certaines figures du parti s'opposaient à cette ligne. « Il n’y aura pas de rassemblement derrière la France insoumise », prévenait Carole Delga, le soir même du premier tour. Sur France 2, la présidente de la région Occitanie, figure montante du PS, était même allée plus loin, estimant que « la différence entre les socialistes et Jean-Luc Mélenchon, c’est l’attachement à la République ».

Au cours du Conseil national, une minorité d’élus, opposée à Olivier Faure, le premier secrétaire, s’est à nouveau fait entendre pour s’opposer à des accords avec Jean-Luc Mélenchon. « Il y a des idées, des valeurs qui font que l’on ne peut pas être avec les insoumis, explique auprès de Marianne un sénateur socialiste. Quand vous écoutez ce qu’ils proposent ou ce que dit Mélenchon sur la démocratie ou l’Europe, ça ne correspond pas à ce qu’est le socialisme démocratique. » Un membre historique défavorable à des « accords nationaux » avec LFI, mais pas nécessairement à des discussions locales au niveau des fédérations s’interroge : « Se rapprocher des insoumis sur la base de quoi ? Si c’est sur leur programme, j’y suis complètement défavorable. » Selon un participant, Carole Delga en a aussi remis une couche sur le leader insoumis.

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« Personne au PS ne défend l’idée qu’on devrait rejoindre l’Union Populaire et faire du PS un satellite de LFI, défend une cadre en phase avec la position d’Olivier Faure. Mais nous devons trouver des combats communs pour nous rassembler. Il faut entendre ce que les électeurs de la gauche ont dit le 10 avril. Personne ne peut espérer de beaux résultats sans rassemblement. » Avant le début du Conseil national, une cadre qui estime que « s'allier ce n'est pas se renier » s’empressait de minimiser les désaccords internes : « Vous allez avoir comme d’habitude quelques grognards, il y a toujours une minorité qui défend une réaffirmation identitaire. Mais avec ce qui s’est passé au cours de la présidentielle, tout le monde a eu la démonstration que c’était bien la ligne du rassemblement qui était la bonne. »

Sauver le groupe PS à l'Assemblée

Le parti à la rose a-t-il vraiment le choix ? Sans accords aux législatives, difficile pour lui de conserver son groupe à l’Assemblée. « Si on part avec notre drapeau tout seul, je ne vois pas comment on peut avoir un groupe », reconnaît l'une des cadres interrogées par Marianne. Dans la résolution adoptée, le parti prévient néanmoins que « le rassemblement [...] doit tenir compte des résultats des élections présidentielles mais aussi des élections intermédiaires, s’appuyer sur les réalités locales, privilégier le soutien commun à l’ensemble des députés sortants de gauche, et prévoir là où des candidatures communes ne seront pas possibles le soutien au second tour au candidat le mieux placé ».

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Une façon d’envoyer un message aux insoumis qui seraient tentés de répartir les sièges et les circonscriptions au prorata des résultats à la présidentielle. « C’est une proposition de départ qui permet de discuter », reconnaissait Mathilde Panot, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée ce dimanche dans le JDD, avant de fermer la porte à un accord avec le PS : « Il n’y aura [...] pas de discussions, et ce refus est définitif. [...] Anne Hidalgo ne voulait rien construire avec nous. Nous avons pris acte de ses attaques et de son refus à tirer un bilan lucide du quinquennat de François Hollande. Dans les dernières semaines de campagne, Jean-Luc Mélenchon était devenu l’ennemi numéro 1. »

Mélenchon pose ses conditions

Le leader insoumis a, lui, entrouvert une demi-porte ce mercredi soir sur BFMTV, souhaitant la « bienvenue » à « tout le monde » pour faire l’union avec lui, « même des socialistes »… à condition qu’ils soient d’accord pour « partir » de son programme et l’élire Premier ministre…

« Les apparatchiks du PS s’en foutent de ce que dit Mélenchon, tacle notre sénateur socialiste. Leur obsession c’est de lui faire un signe. Je suis sidéré par la teneur des débats. » Après le naufrage de la présidentielle, le retour aux affaires s'annonce compliqué pour le PS.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne