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Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire
XOSE BOUZAS/Hans Lucas

Enquête préliminaire visant Bruno Le Maire : comprendre l’affaire des autoroutes en trois questions

Marianne décrypte

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« Marianne » révélait ce mercredi 28 février l'ouverture d'une enquête préliminaire visant le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et la secrétaire générale du gouvernement, Claire Landais. On fait le point sur cette affaire qui renvoie à la signature du plan de relance autoroutier en 2015.

1) De quoi parle-t-on ?

Remontons à l’origine du problème. Le point de départ, c’est la privatisation des autoroutes en 2006. Sous la présidence Chirac, le gouvernement Villepin désengage l’État de la gestion des autoroutes et décide de la confier à des sociétés concessionnaires privées. Les groupes Vinci, Eiffage et Abertis récupèrent alors le gâteau pour 15 milliards d’euros. Justifications avancées à l’époque par l’exécutif : réduire la dette publique, favoriser la concurrence et optimiser l’efficacité du réseau. Nobles motifs.

Sauf qu’en 2013 et 2014, des rapports successifs de la Cour des comptes, de l’Autorité de la concurrence et du Parlement établissent avec un peu de recul une rentabilité excessive pour les concessionnaires. Au détriment de l’État, défaillant dans l’exécution de ses missions de contrôle, et des usagers, victimes d’une hausse continue du tarif des péages supérieure à l’inflation.

2) Que s’est-il passé en 2015 ?

En 2015, le déséquilibre résultant de la privatisation est prolongé par la signature d’un plan de relance autoroutier (PRA) entre l’État et les concessionnaires. Ces derniers s’engagent alors à réaliser des travaux à hauteur de 3,2 milliards d’euros pour le compte de l’État, en échange d’une prorogation d’environ trois ans de leur concession. Aux manettes du PRA se trouvent Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, et Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, ainsi que leurs directeurs de cabinets respectifs, Alexis Kohler et Élisabeth Borne, qui deviennent plus tard secrétaire général de l'Élysée et Première ministre…

À LIRE AUSSI : Autoroutes : Bruno Le Maire visé par une enquête préliminaire pour faux en écriture publique

Au printemps 2023, Marianne révèle l’existence d’une plainte déposée le 26 avril auprès du tribunal judiciaire de Paris. Dans le viseur, le secrétariat général du gouvernement (SGG) et le ministre de l'Économie, soupçonnés d’avoir commis un faux afin de protéger Emmanuel Macron, Alexis Kohler et Élisabeth Borne, en affirmant ne disposer d'aucun document préalable à la signature du PRA en 2015.

3) Quoi de neuf ?

Depuis, Marianne a appris l'ouverture d'une enquête préliminaire pour faux en écriture publique, visant le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et Claire Landais, la secrétaire générale du gouvernement . Des faits qui pourraient constituer un crime passible de quinze ans de prison et 225 000 euros d’amende. Contacté par Marianne, le cabinet de Bruno Le Maire ne souhaite faire « aucun commentaire », tandis que le Secrétariat général du gouvernement n’a pas répondu à nos sollicitations.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne