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Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Quentin de Groeve / Hans Lucas via AFP

Antisémitisme : "Monsieur le premier secrétaire, la gauche universaliste que le PS incarne doit se réveiller"

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Inquiets de la montée de l'antisémitisme et dénonçant une ambiguïté d'une partie de la gauche sur la question, des élus socialistes demandent à leur premier secrétaire, Olivier Faure, de réagir. Ils proposent notamment la création d'une commission ad hoc de lutte contre l'antisémitisme.

Monsieur le premier secrétaire du Parti socialiste,

Critique antisioniste masquant à peine un antijudaïsme déguisé, « complot juif », rhétorique de l’instrumentalisation, banalisation et minimisation de la Shoah »… En plusieurs décennies, la question de l’antisémitisme dans notre société, comme au sein des différents partis politiques français, s’est parée d’une complexité et de formes nouvelles.

Ambiguïté de la gauche

Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, la France et le monde connaissent un déferlement de haines antijuives. Or, le refus de certains élus de condamner les horreurs du 7 octobre et leur caractère antisémite contribue à alimenter la libération de la haine sur les réseaux sociaux et dans le quotidien des Français.

Le constat est alarmant : 1 676 actes antisémites ont été recensés en 2023. Pire, durant les 3 mois qui ont suivi l’attaque du 7 octobre, le nombre d’actes antisémites a égalé celui des 3 années précédentes cumulées. Face à ce regain de violences, les Français de confession juive se sentent seuls et abandonnés.

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Aujourd’hui, la France universaliste à laquelle nous tenons est en danger. Le Parti socialiste, qui a toujours été à la pointe de la lutte contre les haines, doit être le moteur du sursaut républicain. Or, il est une évidence : l’alliance NUPES entretient un malaise, car elle fait cohabiter de fait des partis entretenant des rapports différents au regain d’antisémitisme que connaît la France aujourd’hui. Certains militants et sympathisants de la NUPES s’en sont même pris à plusieurs de nos camarades en raison de leur appartenance familiale ou religieuse. Nous ne pouvons pas accepter d’être associés à des personnalités ou structures qui n’auraient pas un discours irréprochable sur la question de l’antisémitisme. Si ce combat ne remet nullement en cause la liberté de critiquer et de condamner les politiques menées par l’État d’Israël et/ou son Premier ministre, il ne saurait être un prétexte à propager des préjugés antisémites.

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Nous refusons la prétendue analyse électoraliste qui veut essentialiser les électeurs et laisse croire qu’il existerait « un vote juif », « un vote musulman », et que pour gagner des communes il faudrait sacrifier ses valeurs républicaines.

Pire, que pour séduire un prétendu électorat musulman, il faudrait porter l’antisémitisme dans ses programmes. C’est une insulte aux musulmans, c’est une insulte à notre vivre-ensemble.

Sensibiliser

La lutte contre l’antisémitisme comme toutes formes de discriminations a besoin d’engagements et non de déclarations. Sans détour, sans hésitation et avec force le Parti socialiste doit réaffirmer son engagement sans faille dans ce combat.

Aussi, Monsieur le premier secrétaire, nous appelons à la création d’une commission ad hoc de lutte contre l’antisémitisme au sein du Parti socialiste, commission qui aura vocation à élaborer des propositions claires et fortes pour le pays en matière de lutte contre l’antisémitisme, à sensibiliser et former tous les militants et toutes les militantes sur les nouvelles formes de l’antisémitisme contemporain, et à accompagner les camarades victimes de la haine au titre de leur appartenance. De premières propositions pourraient être portées dans le cadre des prochaines Assises organisées par le gouvernement le 6 mai prochain.

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Beaucoup de socialistes français, à commencer par Jean Jaurès, furent engagés dans le soutien au capitaine Alfred Dreyfus victime d’une conjuration et de la haine antisémite. La résistance française fut elle aussi portée par de nombreux socialistes (Felix Gouin, Daniel Mayer, Suzanne Buisson, Robert Verdier…).

Forte de cette histoire, face à l’antisémitisme, la gauche ne peut pas aujourd’hui rester passive, la gauche universaliste que le PS incarne doit se lever pour refuser tout dévoiement, toute « corbynisation ». Nous vous proposons d’être de ceux-là.

Ne doutant pas de votre engagement dans ce combat, veuillez croire, Monsieur le Premier secrétaire, cher Olivier, en nos salutations socialistes.

Signataires :

Éléonore SLAMA, adjointe à la maire du XIIe de Paris

Michaël DELAFOSSE, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole

Mahor CHICHE, conseiller de Paris

Rachid TEMAL, sénateur du Val-d’Oise

Camille VIZIOZ-BRAMI, conseillère du IXe arrondissement de Paris

Ariel WEIL, maire de Paris centre

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