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Covid dans un Ehpad des Landes : Véran accuse une soignante "non vaccinée", la CGT réplique
La propogation du variant delta a causé la mort de deux résidents de l'Ehpad de Pontonx-sur-l'Adour (Landes).
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Covid dans un Ehpad des Landes : Véran accuse une soignante "non vaccinée", la CGT réplique

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Le ministre de la Santé Olivier Véran a accusé une soignante non vaccinée d'être à l'origine de la contamination dans un Ehpad de Pontonx-sur-l'Adour (Landes), qui a causé deux morts. La CGT y voit un coup de pression sur les personnels qui n'ont pas encore reçu d'injection.

« Manifestement, le virus est rentré dans l'Ehpad par le biais d'une soignante qui n'était pas vaccinée », a soutenu Olivier Véran jeudi 25 juin, lors d'une visite de l'Ehpad de Pontonx-sur-l'Adour (Landes), où s'est répandu le variant delta du Covid-19. Il a déjà causé la mort de deux résidents de l'établissement, pourtant vaccinés. Alors que l'origine précise de la contamination n'a pas été donnée, le ministre de la Santé n'a pas attendu avant de désigner le personnel soignant. Parmi les six employés qui ont été contaminés par le variant, certains n'avaient pas reçu leur première dose.

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Mais au sein de l'établissement, on tempère les propos du ministre. « Nous pensons que cela vient des familles lors des visites réalisées les semaines précédentes », suppose ainsi sur LCI la directrice de l'Ehpad Sarah Gonzalez. Même discours du côté de l'Agence régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, qui rappelle que la contamination par une soignante « est plus une hypothèse qu'une affirmation ». L'ARS indique qu'il est peu probable de retrouver le patient 0.

« Une campagne d'accusation »

Les affirmations d'Olivier Véran ont en tout cas provoqué un tollé chez une partie du personnel de l'établissement. Dans un communiqué du 25 juin, la CGT Santé des Landes dénonce une accusation « sans aucune preuve expliquée ou argumentée ». Contacté par Marianne, le syndicat insiste : « C'est honteux de la part d'un ministre de la Santé d'incriminer un personnel et sans preuve. On ne se sait pas d'où vient la contamination, mais la question n'est pas de savoir son origine, sachant qu'on peut être vacciné et porteur. »

Derrière ce que le syndicat qualifie de « campagne d'accusations » se cacherait un coup de pression pour contraindre les soignants à se faire vacciner, selon son porte-parole. Un désir qui transparaît de fait dans les injonctions du Premier ministre Jean Castex : « Il faut que, d'ici la fin de l'été, la vaccination soit quasi complète, sinon, effectivement, il faudra prendre nos responsabilités. »

La profession divisée

Devant la menace d'une contrainte vaccinale, les opinons des professionnels de santé sont contrastées. La CGT de la santé des Landes revendique la liberté de choix quant au vaccin. Elle craint que cette demande d'obligation ne soit qu'une première étape. « Obliger le personnel de santé à se faire vacciner est une façon politique d'imposer la vaccination et la généraliser analyse le porte-parole de CGT de la santé. Le gouvernement commence par les soignants, puis il oblige toute la population à se vacciner… »

Un avis aux antipodes de celui du syndicat des médecins généralistes. Son président Jacques Battistoni trouve « choquant » que les soignants puissent transmettre le virus aux résidents d'Ehpad. « La prise de parole d’Olivier Véran à ce sujet est une sorte de dernière chance prévient-il. Ce n’est pas acceptable de rester à un taux de 50 % de vaccination dans un Ehpad. » Le médecin généraliste se prononce assez clairement « pour au moins une incitation forte à la vaccination ».

Au milieu des deux syndicats, l'Agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine préfère calmer le jeu et ne souhaite pas utiliser le mot « obligation ». Les accusations d'Olivier Véran envers le personnel de l'Ehpad de Pontonx-sur-l'Adour étaient, selon le porte-parole de l'ARS, « sa manière de faire comprendre que c'est important de se faire vacciner ». Une manière pas très diplomatique…

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne