« La bonne cuisine, c’est quand les choses ont le goût de ce qu’elles sont », disait Curnonsky, père de la chronique gastronomique. Voici un chef contemporain qui s’épanouit en observant ce principe avec flegme, talent et passion.
Carrure imposante, coiffure atypique, regard lointain, il y aurait bien du Danton dans le personnage, voire une touche de Balzac dans la bonhomie des formes, si sa discrétion ne frôlait la timidité. Nous ne dirons pas que Christophe Philippe se cache dans sa cuisine, mais qu’il s’y réfugie… Ni visite en salle ni collecte de compliments ébahis, ce en quoi il n’a pas tort, car le bonheur inspiré par ses assiettes en inciterait plus d’un à lui tenir la jambe. On pourrait même camper le taulier en moine oriental, mi-mage, mi-gourou, intégralement voué à la sérénité de son temple. Imaginez un bistrot de quartier paisible, décor minimal, atmosphère en bémol, niché entre Bastille et gare de Lyon, dont la seule mission est de réjouir la bonne vivante et le bon vivant.