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Ô surprise : à Fessenheim, le bidule post-centrale était bidon
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Ô surprise : à Fessenheim, le bidule post-centrale était bidon

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Nos confrères du journal L’Alsace révèlent le fiasco complet de la société d’économie mixte franco-allemande Novarhéna, créée pour remplacer les emplois détruits par la fermeture de la centrale nucléaire tristement célèbre.

Comme si la potion n’était pas déjà assez amère… Ce mercredi 21 septembre, nos confrères du journal L’Alsace révélaient, dans un article intitulé « Le post-Fessenheim prend le bouillon », le fiasco complet de la société créée pour remplacer les emplois détruits par la fermeture de la centrale nucléaire tristement célèbre.

« Créée en 2021, la société d’économie mixte franco-allemande Novarhéna sera dissoute en octobre, sans avoir mené un seul projet », constate le journal local. « En l’absence de projets à mener, Novarhéna a décidé de se saborder. La Sem franco-allemande (…) se réunira le mois prochain avec un seul ordre du jour : sa dissolution. Pour la conseillère d’Alsace (Renaissance) Lara Million, qui préside Novarhéna depuis dix mois, il s’agit avant tout d’arrêter les frais, qui ont déjà entamé la moitié du capital », explique l’article. La petite note s’élève tout de même à 500 000 euros pour le contribuable.

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Que s’est-il passé ? Monts et merveilles étaient pourtant promis à la commune : un volume d’affaires de 130 millions, une extension du port rhénan, et surtout la création d’une zone industrielle, Eco-Rhéna. Le tout sous le patronage de Novarhéna, et sur une surface de 220 hectares. Oui mais voilà : contraintes environnementales obligent, les 220 hectares initiaux deviennent 80 hectares en 2021. En juillet 2022, le syndicat gestionnaire du port rhénan, propriétaire d’Eco-Rhéna, donne le coup de grâce à Novarhéna en annonçant qu’il se chargera lui-même d’aménager cet espace. Novarhéna n’a donc plus d’objet. « Il fallait faire quelque chose pour Fessenheim. Il fallait que ce soit franco-allemand. On a créé une Sem, elle a coûté un demi-million d’euros et elle n’a servi à rien », résume auprès de L’Alsace le député Les Républicains Raphaël Schellenberger.

Deux fois cocu

Et voilà Fessenheim deux fois cocu : en plus d’être privée d’une centrale nucléaire en parfait état de marche, la commune a la mauvaise surprise de découvrir que la compensation offerte à la commune s’avère être un bidule bidon. Rappelons, puisqu’Emmanuel Macron affirmait encore le 5 septembre que « Fessenheim était une centrale sur laquelle il n'y avait plus de travail de maintenance depuis plus de cinq ans » et que confirmer sa fermeture était « le choix le plus rationnel », qu’aucun élément de sûreté ou de production ne justifiait cette décision, prise par François Hollande et entériné par son ancien ministre de l’Economie une fois devenu chef de l’État.

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Si Fessenheim était bien la plus vieille centrale de notre parc – dans laquelle les investissements ont cessé à partir de 2015 alors que la fermeture se profilait –, l’Autorité de sûreté nucléaire soulignait qu’elle se distinguait de manière « positive » par rapport à la moyenne. En 2020, dernière année de service du site, le gendarme de l’atome soulignait que « le nombre d'événements significatifs déclarés au cours de la période de production des réacteurs a été en dessous de la moyenne du parc ».

Le rapport d'information de l'Assemblée nationale du 6 octobre 2021 enfonce d’ailleurs le clou : « Les auditions conduites démontrent, sans ambiguïté possible, que ni la sûreté, ni la sécurité de la centrale n'ont conduit à l'arrêt des réacteurs. La centrale nucléaire de Fessenheim n'était pas moins sûre que le parc nucléaire national, bien au contraire », écrivent les députés.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne