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Société Police et Justice
Dans le viseur de Jean-Louis Arajol, ce qu'il appelle la "rupture républicaine" d'une partie des syndicats policiers.
Dans le viseur de Jean-Louis Arajol, ce qu'il appelle la "rupture républicaine" d'une partie des syndicats policiers.
Rémi Brémond / AFP

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Crise de la police : "Les syndicats n'ont plus d'emprise sur les troupes"

Entretien

Propos recueillis par

Publié le

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Flic à l'ancienne, Jean-Louis Arajol, major à la retraite et ancien secrétaire général du Syndicat général de la police et de la puissante Fédération autonome des syndicats de police dans les années 90, livre une parole sans tabou sur la crise qui secoue actuellement la maison poulaga. Dans son viseur : la « rupture républicaine » d'une partie des syndicats et la faiblesse du ministre de l'Intérieur face à ses troupes.

Marianne : Le débat sur l’existence de « violences policières » est très présent aujourd’hui. Estimez-vous qu’il est légitime ?

Jean-Louis Arajol : Après les premières manifestations des gilets jaunes, puis celles contre la réforme des retraites, j’ai dénoncé l’actuelle doctrine de maintien de l'ordre basée sur l’emploi de munitions de guerre, de LBD et des Brav-M. En mai 68, il y a eu, en tout et pour tout, sept morts. Imaginez aujourd'hui une situation d'embrasement général comme celle de 68, un mouvement social de grande ampleur, je ne sais pas combien il y aurait de morts… Ceci étant dit, ce problème des violences policières est en corrélation avec les problèmes de violence au sein même de la société. Plus la société est violente, plus il y a de risque de violence policière. C'est un problème de politique générale. On ne le réglera pas, dans la société et dans la police, tant qu'on n'abordera pas les problèmes relatifs à la fracture sociale, à tous ces quartiers qui étaient des zones de non-droit, qui sont devenues aujourd'hui des zones d’un autre droit. Tant qu'on ne comprendra pas qu'il faut réinvestir les services publics au sein de tous ces quartiers, on laissera la place à d'autres. Et les autres, ce sont essentiellement des mafias. Avec en face, des flics souvent démunis.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne