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Les islamistes de Daech s'étaient étendus en Syrie et en Irak.
Les islamistes de Daech s'étaient étendus en Syrie et en Irak.
AFP

L'islamiste britannique Aine Davis jugé à Londres : qui étaient les "Beatles" de Daech ?

Terrorisme

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Ce lundi 27 février s’ouvre à Londres le procès d’Aine Davis, un membre présumé des « Beatles ». Cette cellule de Daech – acronyme arabe de l'État islamique – spécialisée dans la torture et l'exécution d'otages occidentaux en Syrie et composée essentiellement de Britanniques, est responsable de la mort d’au moins 27 personnes.

Un procès d’envergure s’ouvre ce lundi 27 février à Londres, au Royaume-Uni, devant la Westminster Magistrates Court. L’islamiste Aine Davis, 39 ans, est poursuivi pour « financement d’activités terroristes » et « possession d'arme à feu », des faits remontant à 2013-2014 « à des fins liées au terrorisme ». Cet homme est notoirement connu comme membre des… « Beatles », une cellule terroriste au service du front al-Nosra puis de Daech, acronyme arabe du groupe État islamique. Le groupe est composé de quatre hommes accusés d’avoir supervisé la détention, la torture et le meurtre d’au moins 27 personnes telles que des journalistes, des humanitaires ou des soldats, en Irak et en Syrie, entre 2013 et 2015. Le surnom de « Beatles », légendaire groupe de pop anglais, leur a été donné par des otages occidentaux en cause de leur accent cockney, typique des Londoniens issus de la classe ouvrière. Le point commun de ses membres est qu’ils ont tous grandi dans la capitale britannique.

Aine Davis, surnommé « Paul », comme le chanteur Paul McCartney, est né à Londres en 1982. D'abord trafiquant de drogue, il a quitté le Royaume-Uni pour la Turquie en 2013, après avoir été condamné pour « possession d'arme à feu ». Converti à l’islam, il s’est ensuite rendu en Syrie pour combattre sous la bannière de l’État islamique . Condamné à sept ans de prison par un tribunal local turc pour des activités terroristes, il est pour la suite extradé au Royaume-Uni, avant d’être inculpé. Durant plusieurs années, il a été aidé financièrement par sa femme , Amal el-Wahabi. Celle-ci a d’ailleurs été reconnue coupable, en 2014, de « financement du terrorisme » et condamnée à 28 mois de prison. Mohammed Emwazi, surnommé « Jihadi John », est quant à lui né en 1988 à Al Jahra, au Koweït, et a emménagé à Londres en 1993, après la guerre du Golfe. Considéré comme le membre le plus cruel du groupe, c’est lui qui a participé à la décapitation de 18 officiers de l'armée syrienne, dont la vidéo a été diffusée en novembre 2014. Signalé en Syrie dès 2013, il est aussi connu pour avoir mené des séances de torture dans l’hôpital ophtalmologique d’Alep, où l'État islamique avait décidé de rassembler ses prisonniers. Il est tué le 12 novembre 2015 à Raqqa, une ville du centre de la Syrie, lors d’une frappe de drone américain.

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Alexanda Kotey (« George », né en 1983 à Londres) et Shafee el-Sheikh (« Ringo ») sont les deux autres membres du groupe. Le second est né au Soudan en 1988 mais a grandi, comme ses complices, dans la capitale anglaise. Ils ont été capturés le 24 janvier 2018 par les forces kurdes syriennes. En raison de la nationalité américaine de certaines de leurs victimes, les deux hommes ont fait l’objet de longues tractations entre les États-Unis et l’Angleterre. Le Royaume-Uni a accepté leur extradition à condition qu’ils ne soient pas passibles de la peine de mort. Alexanda Kotey a été condamné à la prison à perpétuité, en avril 2022. Quatre mois plus tard, Shafee el-Sheikh a également été condamné à la prison à vie pour son « soutien à une organisation terroriste » et sa « complicité en vue d'assassiner des citoyens américains ». Par ailleurs, tous deux ont été déchus de leur nationalité britannique.

Exécutions filmées

Parmi les victimes les plus connues des « Beatles » se trouve le journaliste James Foley, qui travaillait pour le site américain GlobalPost. Il est décapité par Mohammed Emwaz le 18 août 2014 près de Raqqa, en Syrie. La vidéo de son exécution est diffusée dans la foulée sur Internet. Il est le premier otage américain exécuté au nom de Daech en « représailles » à l'intervention militaire de la coalition internationale en Syrie et en Irak. Il avait été kidnappé par les « Beatles » en novembre 2012, avec John Cantlie, un correspondant et photographe de guerre. Ce dernier est gardé en vie par le groupe, et contraint de réaliser des vidéos de propagande mettant en avant les idées de Daech. Il est relâché 44 jours après.

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David Haines, un humanitaire britannique, est quant à lui capturé en mars 2013. Il connaît le même sort que James Foley – décapité par « Jihadi John » –, le 13 septembre 2014. Trois semaines plus tard, le 3 octobre 2014, c’est au tour d’Alan Henning, un autre travailleur humanitaire anglais et ancien chauffeur de taxi, d’être tué par le djihadiste. Mohammed Emwazi est aussi suspecté d’avoir tué l’ancien soldat et travailleur humanitaire américain Peter Kassig, en novembre 2014. Le jeune homme de 26 ans avait fondé une ONG pour secourir les civils syriens. Son exécution avait été dénoncée par Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaida , en raison de sa conversion à l’islam.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne