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Candidat recalé parce que "blanc" ou procédure dévoyée : les remous d'une investiture LFI dans le 93
Le choix du parti de présenter Nadège Abomangoli dans la 10e criconscription du 93 est critiqué par un autre prétendant, Claudio Calfuquir, qui affirme avoir reçu le soutien des militants locaux.
Only France via AFP

Candidat recalé parce que "blanc" ou procédure dévoyée : les remous d'une investiture LFI dans le 93

Législatives 2022

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L'investiture de la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis pose problème à la France insoumise. Le choix du parti de présenter Nadège Abomangoli est critiqué par un autre prétendant à cette circonscription, Claudio Calfuquir, qui affirme avoir été écarté parce qu'il n'est pas « racisé ». En retour, le mouvement l'accuse dans un communiqué de vouloir imposer sa candidature.

L’incompréhension règne parmi certains militants insoumis d’Aulnay, de Bondy et de Pavillon Sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. En cause : le choix du candidat du mouvement aux législatives. Officiellement, Nadège Abomangoli a été investie sous la bannière de gauche Nupes, dans la dixième circonscription du 93. Pourtant, des militants d'Aulnay-sous-Bois, la ville la plus importante de la circonscription, auraient désigné un autre candidat lors d'une assemblée : Claudio Calfuquir. Il le révèle lui-même ce jeudi 12 mai sur ses réseaux sociaux.

« Le comité électoral de la FI a désormais acté et décidé de ne pas mettre le choix des grandes assemblées dans cette circo », affirme-t-il, regrettant que le choix de ses « camarades » ait été « invisibilisé ». Claudio Calfuquir, aussi secrétaire général du Parti de gauche, rejette l’argument avancé par le parti, selon lui, de ne retenir que « des candidatures sérieuses ». Il rappelle que son binôme avec Sayna Shahryari avait obtenu « un des meilleurs résultats » de son parti lors des élections départementales. Il s'était qualifié au second tour du scrutin dans le premier canton de Montreuil, mais n'avait obtenu que 29 % des voix.

LFI conteste

Qu’est-il advenu du choix des militants réunis en assemblée générale pour désigner le candidat ? Il n’a… pas eu lieu, à en lire la réponse de la FI, ou du moins il ne s’est pas déroulé dans les règles de l’art. « Aucune assemblée de circonscription n’a été organisée conformément à nos procédures dans cette circonscription », indique le parti dans un communiqué publié ce vendredi 13 mai. Il ajoute qu’« aucune remontée d’assemblée n’a été transmise au Comité électoral pour la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis ».

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Le parti accuse Claudio Calfuquir de vouloir « imposer à tout prix sa candidature », en premier lieu dans la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis, avant de se rabattre sur la 10e circonscription. « Ces pratiques de contournement systématique de nos procédures collectives expliquent la décision du Comité électoral, garant du respect de nos règles communes, de ne pas investir Claudio Calfuquir », justifie-t-il. Il reproche par ailleurs au prétendant d’avoir fait peser une pression par « une poignée de soutiens » sur les membres du Comité électoral, en « se livrant à une campagne d’interpellation téléphonique harassante ».

L'intéressé s'est dit « surpris et outré » ce vendredi 13 mai, toujours sur ses réseaux sociaux, de la réaction du Comité électoral. « Je ne m’attendais pas à un communiqué aussi abject. Visiblement c’est “fermons les yeux”, on fonce et on ECRASE celles et ceux qui posent des questions, émettent des réflexions ou des alertes, s'insurge Claudio Calfuquir. Ce ne sont pas mes valeurs. » Il réaffirme par ailleurs que des militants d'Aulnay-sous-Bois ont bien organisé une assemblée générale pour l'investir. « Tout est factuel, sans aucune possibilité de nier l’existence des faits », assure-t-il.

« Blanc » vs « racisé »

Un autre point concernant cette investiture attire l’attention : la couleur de peau du candidat écarté. La France insoumise aurait opposé à Claudio Calfuquir son statut « d’homme blanc » face à la candidate officiellement présentée, « issue de la diversité ». C'est en tout cas ce qu'il affirme sur les réseaux sociaux. En interne, une source nous confirme que le mouvement préférait présenter « une candidate issue de la diversité ».

« On fait tout pour disqualifier des parcours et des vies militantes, de luttes qui ont démontré leur conviction, leur sérieux et leur persévérance », commente encore sur ses réseaux le militant d’origine chilienne, avant de s’amuser de s’être « découvert une nouvelle couleur ». « Avec mes multiples nationalités et mes passeports différents, j’avais déjà eu des comparaisons d’être caucasien, Afghan, du Bangladesh, du Maghreb, d’Italie et d’un peu partout […] mais pas encore celle d’un homme blanc », ironise-t-il. Mais le secrétaire du parti de gauche abandonne son ton caustique pour exprimer les regrets de voir ses soutiens « accusés de défendre un “mâle blanc non racisé” ».

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Si le mouvement ne répond pas frontalement à cette accusation, il dénonce à la fin de son communiqué « les mensonges diffusés sur les réseaux sociaux, qui n’ont aucune place dans le mouvement et sont contraires aux principes ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne