Accueil

Société Police et Justice
Procès de Benjamin Mendy : l'accusation et les plaignantes décrivent un système et un "prédateur"
Benjamin Mendy lors de son arrivée au procès à Chester (Royaume-Uni).
Jon Super/Shutterstock/SIPA

Procès de Benjamin Mendy : l'accusation et les plaignantes décrivent un système et un "prédateur"

Justice

Par

Publié le

C'est la fin de la première semaine du procès du footballeur français, accusé de huit viols. À l'audience, le procureur a décrit un système qui consistait à attirer des jeunes femmes dans la maison du joueur, isolée dans la campagne de Manchester. Prises au piège, les plaignantes y racontent avoir été violées.

Un « prédateur ». C'est ainsi que le procureur a décrit Benjamin Mendy, footballeur français jugé depuis lundi, à Chester dans le nord de l'Angleterre, pour huit viols, une tentative et une agression sexuelle sur sept femmes, dont une mineure. Cette première semaine d'audience était consacrée à l'énoncé des charges pesant contre l'ex international français et au témoignage de deux premières plaignantes. Benjamin Mendy comparaît libre, et ne s'est pas exprimé pour le moment.

A LIRE AUSSI : La chute du champion du monde Benjamin Mendy, rattrapé par plusieurs accusations de viol

Timothy Cray, le procureur, a dépeint le système que Benjamin Mendy et son ami Louis Saha Matturie (qui n'a aucun lien avec l'ancien international français Louis Saha), auraient mis en place pour attirer des jeunes femmes au domicile du joueur de Manchester City, suspendu par son club depuis son inculpation. Les deux premières plaignantes ont livré un récit qui se recoupe. Après avoir rencontré le footballeur dans un bar, elles étaient invitées à passer la fin de soirée dans la luxueuse villa du footballeur, située dans la campagne de Manchester, perdue au fond d'un chemin sans éclairage.

Stratégie

Peu après son arrivée dans cette maison lors d'une nuit d'octobre 2020, l'une des plaignantes, une enseignante alors âgée de 24 ans, indique avoir été invectivée, alors qu'elle envoyait des messages à un ami. L'usage du téléphone est interdit dans la maison, la menace Louis Saha Matturie. Il explique que le footballeur a déjà écopé d'une lourde amende pour avoir organisé des fêtes à son domicile pendant le confinement. Tout bascule. Benjamin Mendy accuse la jeune femme d'avoir pris des photos, lui attrape le téléphone des mains et monte à l'étage.

A LIRE AUSSI : Violences sexuelles dans le sport : "Il était comme un grand frère, protecteur et bienveillant"

Selon le témoignage de la plaignante, Benjamin Mendy ouvre la porte d'une chambre grâce à son empreinte digitale. Il semble que cette pièce ne pouvait s'ouvrir que de l'intérieur. La jeune femme le suit pour récupérer son téléphone. Elle entre. La porte se referme. Le joueur consulte les photos contenues dans le téléphone et tombe sur un cliché de la plaignante dénudée.

« Je ne veux pas coucher avec toi »

Benjamin Mendy lui demande alors de se déshabiller. Elle accepte, pour tenter de le calmer, explique-t-elle. Toujours selon son témoignage, alors qu'elle se penche pour récupérer le téléphone, le footballeur l'agrippe et la viole, à trois reprises. « Ça me rend dingue de savoir combien de fois j'ai dit non, a-t-elle ajouté lors de sa déposition, diffusée à l'audience. « Et je n'ai pas juste dit non, j'ai dit "je ne veux pas coucher avec toi" ». Ensuite, Benjamin Mendy lui aurait lancé : « Ne dis rien à personne. Et tu peux venir ici tous les soirs ».

A LIRE AUSSI : Jacquie et Michel : le déclin d'un poids lourd du porno français

Les témoignages des plaignantes devraient se poursuivre la semaine prochaine. Ils devront aussi éclairer le rôle joué par Louis Saha Matturie, considéré par l'accusation comme un « rabatteur ». Le procès doit durer trois mois. Benjamin Mendy risque la prison à perpétuité.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne