Assaillie par le tourisme de masse, la ville de Saint-Malo était, en 2021, la première en France à instaurer des quotas par quartier sur les locations de courte durée. Si cette décision a permis d’évincer les investisseurs les plus avides, la crise du logement semble loin d’être résolue.
Des bambins qui braillent, des parents qui rappellent à l’ordre leur progéniture, un club du troisième âge qui se met en rang. Jeudi 18 mai, 10 heures, le TGV en provenance de la gare Montparnasse, à Paris, vient d’arriver à son terminus. En quelques secondes, le quai se remplit d’une horde de voyageurs. Une procession de valises gagne le centre. Le week-end de l’Ascension inaugure la saison estivale à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
À l’entrée du port de plaisance, Catherine déguste son expresso, cachée derrière ses lunettes « mouche ». Elle s’apprête à quitter la ville pour échapper à l’enfer touristique des prochains jours. « Je ne suis pas loin de détester Saint-Malo » confie l’élégante retraitée qui vit depuis 30 ans dans l’un des imposants immeubles en pierre grise, aux abords des murailles, dans « l’intra » (pour « intra-muros »), comme le surnomment les Malouins. La raison de cet enfer a un nom : Airbnb . Entre les allées et venues permanentes de vacanciers, le sans-gêne de certains, les saccages du hall d’entrée par les plus incivils, Catherine a mis en vente son appartement pour aller habiter une autre commune. Et ce, malgré la nouvelle réglementation imposée en juin 2021 par la mairie : « une avancée » mais pas suffisante semble-t-il.
