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"Suicide apparent" de Jeffrey Epstein : poursuites abandonnées contre les surveillants de prison
La justice américaine abandonne les poursuites contre les geôliers de Jeffrey Epstein.
AFP

"Suicide apparent" de Jeffrey Epstein : poursuites abandonnées contre les surveillants de prison

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Ce jeudi 30 décembre, la justice américaine a annoncé l'abandon des poursuites contre les gardiens de la prison où est mort Jeffrey Epstein. Le milliardaire, accusé d'exploitation sexuelle de mineures, a été retrouvé pendu dans sa cellule en août 2019. Les surveillants étaient accusés d'avoir surfé sur internet plutôt que de remplir leurs missions.

C'est l'un des volets les plus retentissants de l'affaire Epstein. Dans une ordonnance judiciaire, rendue publique ce jeudi 30 décembre, le tribunal fédéral de Manhattan a annoncé « l'abandon des poursuites » contre les gardiens de prison en charge de surveiller Jeffrey Epstein. Le financier, alors accusé de trafic sexuel et d'exploitation de mineures, avait été retrouvé pendu dans sa cellule le 10 août 2019.

Pendant de nombreuses années, il aurait sollicité des massages dérapant vers des activités de plus en plus sexuelles et organisé tout un système de recrutement de très jeunes femmes à sa disposition. Sa complice et ex-compagne, Ghislaine Maxwell, a d'ailleurs été reconnue coupable ce mercredi 29 décembre, en particulier pour le trafic de mineures entre 1994 et 2004.

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Toval Noël et Michael Thomas, les deux surveillants pénitentiaires, ont été inculpés en novembre 2019. La justice les accusait d'avoir préféré surfer sur internet plutôt que d'effectuer leurs rondes de surveillance.

Falsification

Le suicide d'Epstein a laissé des dizaines de victimes présumées sans réponse. L'affaire avait fait réagir jusqu'au sommet du gouvernement américain. William Barr, ministre de la Justice de l'époque, évoquait des dysfonctionnements « graves » dans cette prison pourtant réputée sûre.

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Dans son ordonnance, le procureur de Manhattan rappelle que les deux gardiens avaient « volontairement » et « en connaissance de cause » falsifié les documents de l'administration pour faire croire qu'ils avaient bien effectué leur ronde. À la suite de ce raté, le directeur de la prison avait été muté et les agents suspendus. L'ordonnance ne précise pas s'ils seront réintégrés mais ils devront effectuer des travaux d'intérêt général.

Suicide ou assassinat ?

Jeffrey Epstein était incarcéré depuis le 6 juillet 2019. Le 10 août à 6 h 30 du matin, lors de la distribution du petit-déjeuner, les gardiens ont découvert le milliardaire mort dans sa cellule, un drap enroulé autour du cou. L'annonce de son décès a provoqué un grand scandale aux États-Unis. D'autant plus qu'il bénéficiait d'une surveillance renforcée depuis le 25 juillet, rapidement levée.

Le procureur de New York qualifiait alors la mort d'Epstein de suicide « apparent ». Mais, un expert mandaté par le frère du financier a affirmé que « les éléments témoignent davantage d'un homicide que d'un suicide ». Il considérait que certaines fractures observées « sont très inhabituelles pour un suicide ».

Pizzagate

La mort d'Epstein a suscité de nombreuses théories théories plus ou moins farfelues sur la toile, ravivant même des rumeurs plus anciennes. Comme celle du « pizzagate » lancée en 2016 dans les derniers temps de la campagne présidentielle américaine. À partir d'e-mails de la candidate démocrate Hillary Clinton, divulgués par WikiLeaks, des militants trumpistes ont conclu à l'existence d'un vaste réseau de pédophilie, orchestré depuis une pizzeria de Washington DC gérée par James Alefantis, un leveur de fond pro-démocrate.

En partie parce qu'il a éclaboussé plusieurs personnalités comme le prince Andrew d'Angleterre, Bill Clinton et même Donald Trump, le dossier Epstein a particulièrement stimulé ces accusations en ligne. Le sulfureux milliardaire serait devenu encombrant pour les élites qui auraient commandité sa mort, maquillée en suicide. La faute des gardiens de prison a donné encore plus de grain à moudre à ces récits spéculatifs.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne