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Propagande électorale "réinternalisée" : Darmanin à un cheveu d'inventer le service public
Gérald Darmanin a proposé ce mardi 29 juin, devant l'Assemblée nationale, de confier à l'Etat la mise sous plis et la distribution de la propagande électorale dès l’élection présidentielle de 2022.
Hans Lucas via AFP

Propagande électorale "réinternalisée" : Darmanin à un cheveu d'inventer le service public

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Le ministre de l’Intérieur a proposé ce mardi 29 juin de confier à l'État la mise sous plis et la distribution de la propagande électorale dès l’élection présidentielle de 2022, un peu plus d'une semaine après le fiasco du premier tour des régionales. Ce qui était autrefois un monopole de La Poste a été ouvert à la concurrence il y a dix ans conformément à une directive européenne.

La Poste, ça avait du bon. Afin d’éviter que le naufrage des régionales ne se renouvelle, Gérald Darmanin a proposé ce mardi 29 juin, devant l'Assemblée nationale, de confier à l'État la mise sous plis et la distribution de la propagande électorale dès l’élection présidentielle de 2022.

Assailli de questions sur ce sujet à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'il avait « proposé au Premier ministre » Jean Castex qu'il saisisse le Parlement pour modifier la loi afin que cette distribution des documents électoraux soit « réinternalisée ». « Nous aurions intérêt à le faire assez vite pour l'élection présidentielle », a affirmé Gérald Darmanin. Sans blague ?

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Mercredi 23 juin, le ministre estimait devant le Sénat qu’environ 9 % des plis n’avaient pas été livrés par le prestataire Adrexo. Lequel avait la charge de 44 millions de courriers répartis en entre 51 départements, tout de même. Depuis 2011, l’acheminement des plis électoraux est en effet ouvert à la concurrence.

Après les nombreux dysfonctionnements constatés au premier tour, le garant de la bonne tenue des élections reconnaissait qu’Adrexo n'était « manifestement pas à la hauteur du marché ». « Si demain le Parlement souhaitait que nous reprenions en régie un certain nombre de choses, notamment pour assurer le service public des élections, personnellement je n'y verrais pas d'inconvénient », précisait-il déjà.

Dysfonctionnements « graves et préoccupants »

Ce mardi, Gérald Darmanin a donc présenté ses « excuses aux Français qui n'ont pas reçu la propagande » électorale pour les deux tours des élections régionales et départementales. « Il y a eu des dysfonctionnements vraiment graves et préoccupants », a admis de son côté le Premier ministre, Jean Castex, qui répondait à la présidente du groupe PS Valérie Rabault. « C'est la première fois qu'il y a un tel fiasco (...) vous nous devez des explications », s'est exclamée cette dernière.

Gérald Darmanin a fait valoir qu'il y avait eu « trois types d'erreurs ». D'abord l'ouverture à la concurrence du marché de la distribution postale conformément à une directive européenne, qui a conduit à retenir la société Adrexo pour la distribution d'une partie de la propagande électorale. Ensuite, « le report des élections » de mars à juin en raison de la pandémie, et enfin le court délai d'une semaine entre les deux tours des régionales. Pour le ministre, malgré la réquisition d'un millier de personnes et la décision de confier à La Poste, après le premier tour, une grande partie de la distribution, il n'a pas été possible « de redresser la barre » avant le deuxième. Il reste moins d’un an à l’État pour le faire.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne