Le concert de louanges qui accompagne la mort de l’ancien socialiste ne doit pas faire oublier la lourdeur de son bilan : par son action pro-européenne, Delors a été l’un des principaux artisans de la conversion de la gauche au libéralisme sauvage, entraînant la France dans un engrenage dont le pays ne s'est toujours pas extirpé.
Contrairement à Jacques Delors, l'auteur de ces lignes ne croit pas aux signes du destin, miracles surnaturels et autre providence divine. On se bornera donc à interpréter la mort quasi-simultanée de Wolfgang Schaüble, impitoyable ministre des Finances allemand prêt à faire plonger les Grecs dans la misère, et celle de Jacques Delors, comme une sinistre facétie du hasard. La faucheuse n'a certes pas manqué d'ironie, en emportant à vingt-quatre heures d'intervalle le visage d'une Europe cynique assumant son ultralibéralisme et celui, bien plus idéaliste en apparence, qui a rendu cette Europe possible.
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