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Régionales en Bretagne : après le second tour et la quinquangulaire, le casse-tête continue
Loïg Chesnais-Girard, président sortant PS de Bretagne, avec sa concurrente LR Isabelle Le Callennec.
Hans Lucas via AFP

Régionales en Bretagne : après le second tour et la quinquangulaire, le casse-tête continue

Kouign-amann électoral

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Comme le laissait présager la configuration du premier tour, le sortant socialiste Loïg Chesnais-Girard n’a pas engrangé suffisamment de voix au second pour prétendre à une majorité absolue de sièges au conseil régional breton. De quoi entraîner des tractations d'ici le 2 juillet, lorsque sera élu le président dudit conseil.

Dans le déroulé comme dans le résultat, ces élections régionales de 2021 auront été d’un ennui à la fois profond et inquiétant. Partout en France, exception faite de La Réunion, les présidents sortants ont été facilement réélus, certains avec des scores soviétiques. Heureusement en Bretagne, les choses ne sont pas aussi mornes. Le socialiste Loïg Chesnais-Girard, qui avait obtenu à peine plus de 20 % des suffrages exprimés au premier tour, n’en a pas recueilli suffisamment au second pour pouvoir, dès ce dimanche 27 juin, prétendre à une majorité absolue au conseil régional breton.

« Dès demain, je réunirai ma majorité (...) pour travailler, pour préparer notre première session, qui aura lieu vendredi prochain », a-t-il indiqué lors de sa déclaration devant la presse. De préparation, il en faudra surtout pour les tractations qui auront inévitablement lieu le 2 juillet. Ses quatre poursuivants du premier tour s’étant maintenus après le premier tour, Loïg Chesnais-Girard était confronté à une rarissime quinquangulaire, comme Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine.

LREM dans les choux

Contrairement à son homologue socialiste, qui a dépassé la barre des 33 %, le successeur de Jean-Yves Le Drian est évalué à moins de 30 % des suffrages selon les estimations diffusées par Le Télégramme. Il ne peut donc prétendre qu’à une majorité relative, à savoir la prime des 25 % de sièges accordée au candidat arrivé en tête. Derrière lui, la maire Les Républicains (LR) de Vitré, l’ex-filloniste Isabelle Le Callennec, a étoffé son score en dépassant les 22 % de suffrages exprimés.

Plus essentiels pour la suite sont les résultats des deux suivants. L’écologiste Claire Desmares-Poirrier tutoie les 19 % tandis que le candidat macroniste Thierry Burlot, ex-vice-président de Loïg Chesnais-Girard, se retrouve devant le frontiste Gilles Pennelle, en obtenant entre 14 % et 15 % des voix. Ce score n’a pas permis à Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale et candidat sur la liste La République en marche (LREM) dans le Finistère, d’être réélu conseiller régional.

EELV en position de force

Loïg Chesnais-Girard va donc devoir s’allier avec l’une de ces deux forces, LREM ou EELV, pour trouver une majorité à peu près confortable le 2 juillet. Chez les écologistes, on soupçonne le sortant de vouloir piocher chez les macronistes, et vice-versa.

Plusieurs inconnues demeurent. D’abord, il faut compter avec le poids de Jean-Yves Le Drian dans les négociations, que beaucoup en Macronie jugent très modeste. Profondément hostile aux écologistes bretons, dont il estime qu’ils lui ont fait vivre un calvaire lorsqu’il dirigeait la région, le ministre des Affaires étrangères tentera-t-il d’inciter son successeur à passer un accord avec Thierry Burlot ? Quant aux élus EELV, qui ont obtenu cinq points de plus que LREM lors de ce second tour, réussiront-ils à s’imposer à Loïg Chesnais-Girard, déjà fort de son alliance avec le régionaliste anti-pesticides Daniel Cueff ?

Il y a au moins une chose qui met écologistes et macronistes sur un pied d’égalité en Bretagne : leurs attaques en piqué contre le président sortant durant l’entre-deux tours. Reste à savoir avec lesquels Loïg Chesnais-Girard sera plus prompt à enterrer la hache de guerre.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne