Accueil

Economie Économie francaise
Le ministre de l'Économie Antoine Armand est interpellé par une trentaine de députés sur cette question de souveraineté.
Le ministre de l'Économie Antoine Armand est interpellé par une trentaine de députés sur cette question de souveraineté.
Telmo Pinto/NurPhoto

Commande publique : l'État prêt à laisser le Canada contrôler la gestion de sa plateforme d'achat

PLACE nette

Par

Publié le

La France a laissé une entreprise Canadienne mettre la main sur la gestion de la plateforme d’achat de l’État. Dans une interpellation révélée par La Lettre, une trentaine de députés demande à Bercy des comptes sur ce risque important pour la souveraineté française.

« Cette décision, si elle était confirmée, nous semble poser une grave question de souveraineté voire de sécurité nationale. » C’est par ses mots que Loïc Kervran, député élu dans le Cher et Vice-président de la Commission de la Défense nationale et des Forces Armées interpelle son collègue Antoine Armand, ministre de l’Économie, selon un document révélé par le média en ligne La Lettre. En cause : la cession de la gestion de PLACE, plateforme par laquelle transite une grande partie des appels d’offres de l’État Français, à l’entreprise canadienne CGI. Jusqu’ici, ce site, par lequel transitent des informations stratégiques pour l’économie et la défense françaises, était géré par une PME hexagonale. Selon La Lettre, la passation entre les deux sociétés a déjà débuté et doit aboutir d’ici à la fin du mois de novembre.

Hélicoptères et sous-marin

Ils sont une trentaine de députés à avoir signé la lettre envoyée à Bercy, il fallait au moins ça pour cette information aussi stratégique qu’invisible dans les médias. Sur le site PLACE, tout un tas d’appels d’offres de l’État, et donc tout un tas de réponses à ceux-ci, notamment par des entreprises françaises. Des informations auxquels le nouveau gestionnaire, CGI, pourrait techniquement accéder. Avec un peu de mauvaise intention, les réponses aux appels d’offres faites par les PME françaises pourraient être torpillées par des entreprises étrangères.

À LIRE AUSSI : La souveraineté européenne est-elle autre chose qu'un concept fumeux ? Le débat de "Marianne"

Plus grave encore, selon la lettre des parlementaires, les appels d’offres circulant sur la plateforme sont autant de mines d’informations pour des sujets relatifs à la sécurité nationale, comme « l’équipement des hélicoptères de l’Armée de Terre ou pour l’entretien des ouvrages immergés et émigrés de la Marine nationale ». Alors, quels sont les risques de ce passage sous pavillon nord-américain ?

Intelligence économique

C’est pour avoir la réponse à cette question que les parlementaires interpellent Antoine Armand, dont le ministère a autorisé le changement de gestion de PLACE : « Nous vous demandons de bien vouloir communiquer à la Représentation nationale, afin qu’elle puisse les apprécier, les éléments d’analyse de risque et le cas échéant l’avis du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale concernant ce choix stratégique de votre ministère. »

À LIRE AUSSI : Charles Rodwell sur le Doliprane : "Nous devons tirer les leçons de l'échec de la vente d'Alstom"

Selon les informations de La Lettre le stockage de données n’est pas contenu dans le contrat attribué à CGI France, mais la filiale française du groupe canadien pourrait « techniquement y avoir accès ». Des données explosives selon l’analyse du journal en ligne : « Bien exploitées, ces informations pourraient offrir une veille complète des tarifs pratiqués et des prestations des PME et groupes français auprès des pouvoirs publics. » Après la cession de la maison mère de Doliprane, la gestion de PLACE pourrait créer de nouveaux maux de tête au ministère de l’Économie…

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne