Jamais l'élection présidentielle n’a paru autant décalée par rapport aux exigences citoyennes telles qu’elles s’expriment à intervalles réguliers, comme ce fut le cas avec les « gilets jaunes ». Alors que l’on sent une perte des repères et des valeurs qui cimentent une nation, la campagne électorale naissante est déjà frustrante, déplore Jack Dion.
Le quotidien le Monde a résumé la clé de la stratégie électorale du président de la République : « Zemmour, meilleur ennemi de Macron ». L’ex-journaliste ayant pris la place de Marine Le Pen comme repoussoir, avec un mixte de Poutine et de Trump, assaisonné d’une dose de racisme et d’une pincée de sexisme, il est l’adversaire idéal d’un candidat au bilan exécrable et au programme inavouable. À défaut de faire voter pour, autant donc se faire élire contre. Le RN a longtemps eu fonction de rabattage électoral. Marine Le Pen ayant arrondi les angles pour gagner en respectabilité, il fallait trouver autre chose. Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, confie au Monde : « [Éric Zemmour] est celui qui inquiète le plus. » Le nouveau diable peut sortir de sa boîte.