D'après le constitutionnaliste Benjamin Morel, en proposant jeudi 28 septembre « une autonomie dans la République » à la Corse, Emmanuel Macron a agi de façon irresponsable. Et si, à la suite de l’échec de ce processus, des violences devaient avoir lieu, il en porterait la responsabilité historique et morale, estime l'auteur de « La France en miettes » (Cerf), analyste des montées des particularismes régionaux et des revendications indépendantistes.
Marianne : Sur quels fondements Emmanuel Macron s’avance-t-il vers les revendications corses ? Cède-t-il aux nationalistes ?
Benjamin Morel : Il y a la forme et le fond. Sur la forme, la démarche d’Emmanuel Macron répond aux violences commises il y a un an et demi par des jeunes lycéens, proches et soutenus par les mouvements nationalistes, en pleine campagne présidentielle. La collectivité a alors mis ses drapeaux en berne en l’honneur d’Yvan Colonna, assassin du préfet de la République. Que le président de la République entre en négociation après cela, et qu’il n’évoque dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse que le meurtre d’Yvan Colonna et non celui du préfet Erignac, montre un total alignement sur la rhétorique des nationalistes. Ce jeudi 28 septembre, un président de la République française s’est exprimé comme un nationaliste corse. Gérald Darmanin avait déjà commencé il y a quelques mois, en comparant Yvan Colonna et Samuel Paty. Pour quelqu’un qui est censé être le gardien des institutions et de la République, c’est sans précédent.