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La centrale nucléaire de Dunkerque.
La centrale nucléaire de Dunkerque.
Dursun Aydemir / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Risque de coupures de courant : attention, les centrales redémarrent très doucement

Énergie

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La production électrique des centrales nucléaires reste historiquement faible, alors que le pays avance vers le cœur de l'hiver : 23 des 56 réacteurs sont toujours à l'arrêt. Le redémarrage est très lent, ce qui fait courir le risque de coupure de courant à partir du mois de janvier.

Assurer le redémarrage des centrales nucléaires à l'arrêt représente le premier chantier du programme, qui s'annonce chargé, de Luc Rémont , nommé ce mercredi 23 novembre à la tête d'EDF. La moitié des réacteurs s'est retrouvée à l'arrêt cette année, notamment en raison de la découverte de corrosions sur certains d'entre eux. Cette situation inédite a nécessité de longues réparations, et continue de faire craindre des coupures de courant ciblées cet hiver.

Où en est-on ?

Ces derniers jours, ​​​« la situation s'améliore, mais extrêmement doucement », observe François-Marie Bréon, président de l'AFIS (Association française pour l'information scientifique), interrogé par Marianne. « On dépasse ce mercredi 32 gigawatts (GW) de production nucléaire, ce qui n'avait pas été observé depuis le mois d'avril. Mais on reste à un niveau très inférieur à ce que le parc nucléaire produisait habituellement. Au pire du pire, à la même période, on était plutôt à 43 GW », poursuit le climatologue.

« Aujourd'hui, 23 des 56 réacteurs nucléaires sont à l'arrêt. L'un d'entre eux a redémarré à Cruas (Ardèche) ce matin, et un autre doit repartir à Belleville (Cher) dans la soirée. Puis, la remise en route de six autres est prévue entre la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre. Jusqu'ici, EDF a toujours eu du retard par rapport à ses prévisions beaucoup trop optimistes. Il faut donc prendre ces annonces avec prudence. Mais on peut espérer que ces réacteurs pourront être remis en fonctionnement d'ici la fin du mois de décembre », analyse François-Marie Bréon.

Des coupures sont-elles possibles ?

Le risque de coupures de courant semble écarté dans l'immédiat. Le manque de production via le nucléaire est compensé par une réduction de la consommation d'électricité, qui n'est pas seulement liée aux températures plutôt douces des dernières semaines. « La consommation d’électricité à température normale apparaît clairement plus faible que les années précédentes, et ceci devrait demeurer le cas durant l’hiver. Par rapport à la moyenne 2014-2019 (référence antérieure à la crise sanitaire), la baisse de consommation atteint 5 à 7 % sur la période s’étendant de début octobre à mi-novembre », notait RTE (Réseau de transport d'électricité), le gestionnaire du réseau, dans son dernier rapport publié le 21 novembre.

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Cela n'a toutefois rien de rassurant. La baisse de consommation concerne particulièrement le secteur industriel, contraint de réduire sa production en raison des prix élevés de l'électricité. Une situation qui pourrait avoir de lourdes conséquences économiques. RTE relève également une baisse de consommation pour les ménages, sans pouvoir l'imputer de manière certaine à ce jour aux appels à la sobriété du gouvernement.

Et ensuite ?

Les choses pourraient se gâter au mois de janvier, qui marque habituellement l'arrivée du grand froid sur l'Hexagone. Selon RTE, la production nucléaire devrait s'élever à 40 GW à cette date, si EDF parvient enfin à tenir son planning. Mais cela ne représenterait que 65 % de la puissance installée, quand le parc nucléaire produisait habituellement plus de 50 GW au cœur de l'hiver. L'hiver sera donc très tendu et l'approvisionnement en électricité soumis à plusieurs incertitudes.

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La première, et la plus cruciale, tient à la météo puisqu'une « baisse de température d'un degré augmente la consommation d'électricité de 2 GW, ce qui correspond approximativement à deux réacteurs nucléaires », image François-Marie Bréon. La seconde incertitude est liée à l'ampleur de la production des éoliennes. Celles-ci assurent ce mercredi une production de 12 GW, ce qui donne de l'air au réseau électrique. « Mais leur production est très variable, elle peut presque chuter jusqu'à 0. Donc, s'il y a un coup de froid sans vent, cela risque d'être très compliqué », anticipe François-Marie Bréon. D'autant que les importations, qui équilibrent aujourd'hui le système, risquent de ne pas être suffisantes en cas de vague de froid prolongée.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne