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Après une démission et une mise en examen, Agnès Buzyn décroche la Légion d'honneur
Comme le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, Agnès Buzyn va recevoir la Légion d'honneur en 2022.
AFP

Après une démission et une mise en examen, Agnès Buzyn décroche la Légion d'honneur

La totale

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Ce 1er janvier 2022, 547 personnalités se sont vues décerner officiellement la Légion d’honneur. Parmi elles, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy mais aussi… l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui avait démissionné en pleine pandémie en février 2020.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour Agnès Buzyn. L'ancienne ministre de la Santé s'est vue décerner la Légion d’honneur ce samedi 1er janvier 2022, comme 546 autres personnalités. Une récompense attribuée par signature présidentielle à ceux qui ont contribué au bien commun en France, qu’elles soient issues du secteur public ou privé. Le nom de la responsable politique figure dans la liste parue au Journal officiel aux côtés de Mohamed Abdelatif, le vice-président de la Croix-Rouge française (officier), ou d'Eva Thomas, fondatrice de l'association SOS inceste. Celle qui est aujourd'hui directrice exécutive de l’Académie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), va être promue chevalier.

Passif lourd

Pour rappel, Agnès Buzyn avait démissionné de son ministère le 17 février 2020, alors que la pandémie gagnait du terrain dans l'Hexagone, dans le but de remplacer Benjamin Griveaux comme tête de liste LREM pour les élections municipales. Déjà à l’époque, son choix d’avoir quitté le navire en pleine tempête avait été critiqué, par exemple par la maire de Paris Anne Hidalgo. Un mois plus tard, l’ancienne ministre avait aussi provoqué des remous au sein du gouvernement en affirmant au Monde qu’elle avait alerté l’exécutif dès janvier sur la gravité de la pandémie. Et de renchérir : « Je savais que la vague du tsunami était devant nous. » Des confessions qui lui avaient valu d’être sévèrement épinglée et taxée « d’égoïste » par ses anciens collègues, d'autant plus qu'elle se montrait officiellement rassurante, en début d'année 2020, sur la situation sanitaire…

Ce n'est pas tout. Après l'ouverture d'une enquête en juillet 2020, Agnès Buzyn a été mise en examen par la Cour de Justice de la République (CJR) pour « mise en danger de la vie d'autrui » dans sa gestion de l'épidémie de Covid-19 en septembre 2021 et placée sous le statut (plus favorable) de témoin assisté pour « abstention volontaire de combattre un sinistre ».

Une nomination qui passe mal

Plusieurs politiques, d’extrême droite mais pas que, ont d’ores et déjà marqué leur désapprobation face à cette récente nomination. Thierry Mariani, député européen et conseiller régional du Rassemblement national en Paca, estime qu’il s’agit là d’une « provocation ».

Samuel Lafont, engagé aux côtés d’Éric Zemmour, s’est quant à lui fendu d’une question sur Twitter : « C'est pour sa clairvoyance qu'Agnès Buzyn reçoit la Légion d'honneur, @EmmanuelMacron ? ». À gauche, Antoine Léaument, chargé de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon juge que « ça sent la fin de règne et les cadeaux pour les potos avant de quitter l'Élysée. Affligeant mais pas étonnant ».

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