Accueil

Société
Irlande : trop "avantagées", les joueuses de rugby transgenres ne joueront plus en équipe féminine
Image d'illustration
MAXPPP / Christophe Petit Tesson

Irlande : trop "avantagées", les joueuses de rugby transgenres ne joueront plus en équipe féminine

LGBT-

Par

Publié le

La Fédération irlandaise de rugby (IRFU) a tranché un sujet épineux : les joueuses de rugby transgenres, nées hommes, ne pourront plus faire partie des équipes féminines professionnelles. L'IRFU explique avoir pris sa décision en raison des « avantages en termes de force, d’endurance et de physique » qui persistent malgré la transition de ces athlètes.

C'est un enjeu « sensible » pour tous ceux qui sont concernés et impliqués dans les questions LGBT+, reconnaît d'emblée la Fédération irlandaise de Rugby (IRFU). À la rentrée, les joueuses de rugby transgenres, c'est-à-dire nées hommes avant de transitionner vers le genre féminin, ne pourront plus jouer en équipe féminine. Pour fonder cette nouvelle politique, la Fédération explique avoir étudié la question et consulté des études scientifiques récentes montrant que les personnes nées hommes conservent, malgré leur transition, « des avantages dus à la puberté masculine » ; des avantages « en termes de force, d'énergie et de physique ».

« Des recherches récentes montrent qu’il existe des différences physiques entre les personnes dont le sexe a été assigné comme homme ou comme femme à la naissance. Les avantages en termes de force, d’endurance et de physique provoqués par la puberté masculine sont importants et se conservent même après la suppression de la testostérone » chez les intéressées, explique l'IRFU dans son communiqué de presse. Principale conséquence de ce nouveau règlement : désormais, en Irlande, seules les femmes enregistrées à la naissance comme telles par l'état civil pourront jouer en équipe féminine. « Dans la catégorie masculine, les joueurs dont le sexe est enregistré à la naissance comme étant féminin pourront continuer à jouer s'ils fournissent un consentement écrit et qu'une évaluation des risques est effectuée », complète la fédération.

Concrètement, ce changement de réglementation ne concerne que deux joueuses inscrites en Irlande et la Fédération a déclaré les avoir contactées pour leur offrir d'autres débouchés : « des formes de jeu sans contact, de l'arbitrage et de l'entraînement… ». « Nous continuerons de travailler pour être aussi inclusif qu'il est possible de l'être », poursuit l'IRFU dans son communiqué. « Nous continuerons de soutenir la communauté LGBT+ et nous comprenons que la décision que nous avons prise puisse causer de la déception. Nous affirmons encore une fois qu'il y a de la place pour tout le monde dans le rugby et que nous pouvons tous travailler ensemble. »

Une inclusion de plus en plus controversée

Une réaction qui n'a effectivement pas tardé : « L’Irlande ne devrait pas suivre l’exemple du Royaume-Uni en essayant de réduire le nombre d’occasions dans lesquelles les femmes trans peuvent exister en toute sécurité. L’Irlande peut et doit faire mieux »​, a déclaré Paula Fagan, directrice générale du mouvement LGBT d’Irlande. Elle a demandé à l’IRFU de « reconsidérer sa décision ». La présence d'athlètes transgenres nées hommes dans les compétitions sportives féminines suscite pourtant de vives controverses dans le monde occidental, ainsi qu'au sein même des milieux féministes et LGBT+.

À LIRE AUSSI : Comment la "question trans" fracture le féminisme

Récemment, c'est la nageuse universitaire Lia Thomas, anciennement connue sous le nom de « Will » qui a créé la polémique en remportant avec une facilité déconcertante, depuis sa transition, les compétitions régionales interuniversitaires qu'elle dispute contre des nageuses cisgenres (c'est-à-dire non transgenres). Depuis début décembre, en Ohio et en Pennsylvanie, la nageuse a signé deux nouveaux records féminins de l’Ivy League, les huit plus prestigieuses universités privées du nord-est des États-Unis.

C'est parfois même la sécurité des femmes qui est en jeu : en 2014, la combattante de MMA (Mixed Martial art – un sport de combat mélangeant plusieurs disciplines) transgenre Fallon Fox a fracturé le crâne de son adversaire, Tamikka Brents, lors du « Capital City Cage Wars » Le combat n'a duré que deux minutes avant que l'arbitre doive intervenir pour suspendre le combat. Tamikka Brents, qui a souffert d'une commotion cérébrale, a dû recevoir sept agrafes pour refermer la plaie.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne