En 2022, Kevin Trompat et Leslie Hoorelbeke étaient retrouvés morts en Charente-Maritime. Nathan B., l'un des cinq individus mis en détention provisoire depuis mars 2023, a été libéré (au moins temporairement) ce mardi 18 mars pour vice de procédure. Alors qu'il devait se présenter devant la cour d'appel de Poitiers pour prolonger sa détention, son avocate n'a jamais reçu sa convocation en raison d'une erreur d'adresse mail.
Un potentiel assassin remis en liberté sous contrôle judiciaire pour une simple erreur administrative ? C'est bel et bien ce qu'il s'est passé ce mardi 18 mars dans la juridiction de Poitiers (Vienne). En effet, Nathan B., placé en détention provisoire depuis mars 2023, a été « libéré » – au moins temporairement – pour vice de procédure.
Pour rappel, Kevin Trompat et Leslie Hoorelbeke avaient disparu en novembre 2022 à Prahecq (Deux-Sèvres). Victimes de multiples coups, leur corps ont été respectivement retrouvés à Puyravault et Virson (tous deux en Charente-Maritime) après trois mois d'enquête. Alors que cinq individus ont été mis en examen pour « enlèvement », « séquestration » ou « assassinat », à ce jour seuls deux sont encore en détention provisoire (Tom T. et Mickaël Z.). Tous deux sont suspectés d’avoir participé à l’assassinat.
Simple erreur de mail
Concernant le cas de Nathan B, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Poitiers vient de lui rendre sa liberté. En cause, une simple erreur administrative du tribunal d'après Frédérique Porterie, procureur générale. En effet, alors que le suspect devait se présenter au juge des libertés et de la détention le 3 mars dernier afin de prolonger sa détention provisoire, l’avocate de Nathan B. n’a nullement reçu sa convocation qui a malencontreusement été envoyée à la mauvaise adresse mail.
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Si Nathan B. n’a pu se présenter devant le juge, son avocate a toutefois bel et bien reçu (sur la bonne adresse mail cette fois-ci) l’ordonnance prolongeant la détention provisoire quelques jours plus tard. La professionnelle a relevé l'absence d’information et de respect du contradictoire.
Une « liberté » à relativiser
Selon le quotidien La Nouvelle République, le suspect a ainsi l’obligation de résider en Charente-Maritime et de se présenter quotidiennement à la gendarmerie. D’autre part, d’après un communiqué de Frédérique Porterie, Nathan B. est placé sous « contrôle judiciaire strict ». Le document précise également qu’à cette obligation s’ajoute une « interdiction de sortir du département d’assignation à résidence et interdiction d’entrer en relation avec les coauteurs et l’ensemble des parties civiles ».
Me Lionel Béthune de Moro, avocat du père et de la belle-mère de Leslie déplore : « La justice poitevine ne prend pas le temps d’entendre la famille de Leslie mais laisse filer l’un des auteurs présumés de ce crime particulièrement sordide ».
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Son avocate, de son côté, s’inquiète de potentielles représailles alors qu’il a subi une agression en prison en avril 2024 ayant engendré huit jours d’incapacité totale temporaire (période durant laquelle la personne est totalement incapable de reprendre ses activités habituelles). Ces violences étaient intervenues après un appel lancé sur les réseaux sociaux par le père de Kévin, qui avait promis 100 000 euros à quiconque s’en prendrait aux suspects en prison. Une « liberté », donc, qui ne pourrait être que temporaire.