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Match Sarkozy-Takieddine : ce que Mimi Marchand a dit aux juges
La justice soupçonne Mimi Marchand (comme Noël Dubus) d'avoir orchestré deux interviews de Ziad Takieddine dont le but aurait été de « blanchir » Sarkozy dans l’affaire du présumé financement libyen de sa campagne de 2007.
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Match Sarkozy-Takieddine : ce que Mimi Marchand a dit aux juges

Info Marianne

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C’est la reine de la presse people… et elle dort actuellement en prison. « Mimi Marchand », 74 ans, a-t-elle orchestré deux interviews du sulfureux Ziad Takieddine pour « blanchir » Nicolas Sarkozy dans l’affaire du présumé financement libyen de sa campagne de 2007 ? C’est ce que tentent de savoir les enquêteurs qui s’intéressent notamment aux accusations d'un homme d’affaires, déjà condamné pour escroquerie : Noël Dubus. « Marianne » révèle de nouvelles pièces de ce puzzle : il est question d’argent liquide, de transferts de fonds, du Qatar et d’une commission de 4 millions d’euros qui aurait été promise à Ziad Takieddine.

L’affaire sent le soufre et tient en haleine le Tout-Paris des médias et de la politique. Mimi Marchand, 74 ans, la papesse de la com', amie du couple Macron et intime des Sarkozy, dort depuis le 18 juin à la prison de Fresnes. Un scénario inimaginable pour cette femme gouailleuse, reine des paparazzis et grande habituée de l’Élysée. En garde à vue, elle n’a d’ailleurs pas caché sa proximité avec les deux couples présidentiels : « Je connais Carla depuis 25 ans, a-t-elle expliqué d’entrée aux enquêteurs. À partir du moment où Nicolas Sarkozy a perdu la primaire, alors que pour moi, c’était lui qui représentait la droite, cela m’a confortée dans l'idée de travailler avec les Macron, de faire la campagne avec eux, de les peopoliser et de les populariser. »

Comme elle, Noël Dubus, un homme d’affaires au passé sulfureux et déjà condamné pour escroquerie, a été mis en examen pour « subornation de témoin et association de malfaiteurs ». La justice les soupçonne, comme l’ont révélé Mediapart et Libération, d’avoir orchestré deux interviews de Ziad Takieddine dont le but aurait été de « blanchir » Sarkozy dans l’affaire du présumé financement libyen de sa campagne de 2007. Interrogée en garde à vue sur « l’origine » de l’opération, Lisa H., 27 ans, l’assistante de Noël Dubus, a eu cette réponse : « J’ai deux théories. Soit Noël est allé voir Michèle Marchand pour lui dire qu’il avait une ouverture avec Ziad Takieddine pouvant "sauver" Sarkozy. Soit l’ordre vient directement de tout en haut de la pyramide, de Nicolas Sarkozy. » Ce sont ces deux « théories » que les deux juges d’instruction parisiens, Vincent Lemonier et Noémie Nathan, tentent aujourd’hui de départager.

Dans leur dossier, dont Marianne révèle de nouvelles pièces, il est question d’argent liquide, de transferts de fonds, du Qatar et d’une hypothétique commission de 4 millions d’euros qui aurait été promise à Ziad Takieddine. À ce stade, tous les protagonistes, et en premier chef l’ancien président, sont présumés innocents et il n’est question pour l’heure que d'hypothèses judiciaires. Mais l’affaire a déjà provoqué la chute de la « reine Mimi ».

« Mimi » plombée par une écoute

Michèle, Marguerite, Marcelle Marchand, la patronne de l’agence de photos Bestimage, a été mise en examen le 5 juin, à l’issue de sept longues auditions de garde à vue. Placée sous contrôle judiciaire, elle avait alors interdiction d'avoir tout contact avec une douzaine de personnes, dont le photographe Sébastien Valiela qui a fait les photos de Ziad Takieddine au Liban. Or, quatre jours plus tard, le 9 juin, une écoute téléphonique établit que non seulement « Mimi » Marchand parle au photographe mais qu’elle semble aussi lui « dicter » ce qu’il devra dire à la police. En pleurs devant les magistrats, la papesse de la com' tente de se justifier. « J’ai une très mauvaise habitude, je suis la mère de ces gens et eux, ce sont mes enfants qui prennent la becquée », déclare-t-elle, certifiant qu’elle n’a rien voulu dicter du tout. « J’ai voulu lui remettre en mémoire ce qu'il s’est passé », nuance-t-elle.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne