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En 2022, la France périphérique inspire à nouveau Jean Rolin, auteur par ailleurs de romans autrement plus dépaysants.
En 2022, la France périphérique inspire à nouveau Jean Rolin, auteur par ailleurs de romans autrement plus dépaysants.
ROUSSIER/SIPA

"La traversée de Bondoufle" de Jean Rolin : un livre écrit avec les pieds (mais c'est un éloge !)

Rentrée littéraire

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Le romancier français Jean Rolin a été l'un des précurseurs d'un style de récit et d'écriture, désormais foisonnant, qui s'attache aux territoires urbains et périurbains de manière quasi-documentaire. Sa nouvelle destination : cette zone floue où ville et campagne jouent des coudes et se mêlent de façon parfois confuse.

Nouvel objet romanesque ? En 2022, la France périphérique inspire à nouveau Jean Rolin, auteur par ailleurs de romans autrement plus dépaysants. Deux ans après Le Pont de Bezons et vingt-sept ans après Zones, le chroniqueur mélancolique des territoires négligés, né en 1949, poursuit avec La Traversée de Bondoufle (P.O.L) son exploration ironique et piétonne de la banlieue parisienne.

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Après les environs du boulevard périphérique et les rives de la Seine, Rolin découvre un jour « la campagne à la périphérie d’Aulnay-sous-Bois », quoique « sous l’aspect peu engageant d’un champ de maïs desséché et d’un chemin sans issue ». Eurêka : « L’idée m’est venue de suivre tout autour de Paris sa limite ou du moins sa figure incertaine (…) de part et d’autre de laquelle la ville et la campagne, ou les succédanés de l’une et de l’autre se confrontent ».

Notre marcheur infatigable sillonne ainsi des lieux peu propices à la promenade – l’éditeur ne précise pas si l’écrivain est ou non titulaire du permis B. Le fait est que Rolin, en quelque sorte, écrit avec les pieds, et dans son cas, c’est un éloge. L’arpentage pédestre lui fournit un fil directeur en même temps qu’un point de vue rare sur des entre-deux ignorés, habituellement entraperçus depuis un RER ou une voiture.

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Minutieux jusqu’à l’obsession, le romancier emprunte les ponts autoroutiers, longe les prairies et les départementales, s’enfonce dans les bois, contourne les décharges, les Ehpad et les centres équestres. D’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) à Bondoufle (Essonne), cette épopée en grande couronne vaut pour sa précision géographique – et peut-être plus encore pour la nostalgie poignante (un peu agaçante parfois aussi…), jamais explicitement formulée, qui la traverse de part en part.

La traversée de Bondoufle de Jean Rolin, P.O.L, 200 pages, 19 euros

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne