Dans les années 1960, alors en pleine période de décolonisation, un puissant mouvement social ébranle Mayotte. Deux camps s'y affrontent violemment. La petite élite politico-économique locale, relayée par l'extrême droite française, plaide pour une séparation avec les Comores, prétendant que l'île n'entretient aucun lien historique avec elles. Les « serrer-la main » refusent eux le maintien sous le giron français, défendant l'idée d'une appartenance commune à l'archipel. Mayotte restera finalement française, au prix de profondes plaies sociétales, toujours pas cicatrisées.
Sur le plateau de C à Vous en avril 2023, Patrick Cohen termine son éditorial sur Mayotte. Lors de son intervention, le journaliste a invoqué un discours du président Valéry Giscard d'Estaing mentionnant le fait que les Comores et Mayotte étaient des populations « homogènes », que les « Comores sont une unité, ont toujours été une unité » et qu'il n'est pas « raisonnable d'imaginer qu'une partie de l'archipel (Mayotte) devienne indépendante ».
Datant d'octobre 1974, ce rare discours d'un élu de l'hexagone intégrant de fait Mayotte à un ensemble comorien, n'a en réalité rien d'innocent. Le président de droite avait en fait marchandé, quelques mois plus tôt, 75 000 voix comoriennes contre la promesse d'une indépendance totale des Comores au futur président Ahmed Abdallah.
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