Accueil

Société Police et Justice
Attentat de Moscou : quand l'État islamique au Khorassan ciblait la France
Image de l'attentat perpétré à Moscou par quatre membres présumés de l'Etat islamique au Khorassan (EI-K)
AFP

Attentat de Moscou : quand l'État islamique au Khorassan ciblait la France

Attentats

Par

Publié le

L’État islamique au Khorassan (EI-K), qui a revendiqué l’attentat de Moscou, a visé la France il y a quelques mois. Un attentat impliquant cette organisation a été déjoué en France en novembre 2022. Armand Rajabpour-Miyandoab, le terroriste qui a frappé Paris, en décembre 2023, avait lui aussi directement fait référence à l’EI en Afghanistan dans sa vidéo d'allégeance.

Le nom de l’État islamique au Khorassan (EI-K) avait peu de chances de parler au public français avant l’attentat qui a ensanglanté le Crocus City Hall, à Moscou, vendredi 22 mars. Mais si cette branche asiatique de l'État islamique (EI), qui a revendiqué cette attaque contre la capitale russe (137 morts) est née en Afghanistan en 2015 et concentre ses efforts meurtriers sur l'Asie centrale, elle est loin d'être étrangère aux services secrets français.

« Cette organisation menace la France », a rappelé Matignon, dimanche 24 mars. Elle aurait « plusieurs fois tenté de toucher le sol français », a ajouté le président de la République, Emmanuel Macron, lundi, lors d’un déplacement en Guyane.

Attentat déjoué à Strasbourg

De fait, selon nos informations, les services de renseignement ont déjoué un attentat de l’EI-K sur notre sol il y a moins d'un an et demi. Le 18 novembre 2022, sept individus soupçonnés de préparer une action armée sur le sol français avaient ainsi été arrêtés à Strasbourg (Bas-Rhin) par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Parmi eux, deux jeunes radicalisés, un Russe et un Tadjik, ont été mis en examen et placés en détention provisoire pour « association de malfaiteurs terroriste ».

« Ces personnes avaient été téléguidées par l’État islamique en Afghanistan », confie une source proche des services. Si leurs cibles restaient floues, « de nombreux éléments laissent penser qu'ils souhaitaient passer à l'acte », à une semaine de l'ouverture du marché de Noël, indiquait à l’époque une source proche du dossier. Ils auraient envisagé une attaque à cibles multiples, « type 13-Novembre », assure Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), qui a travaillé sur ce dossier. Les cinq autres individus ont été libérés sans poursuites.

Attaque à la Tour Eiffel

Autre possible manifestation de cette organisation dans l'Hexagone : l'attentat commis par Armand Rajabpour-Miyandoab, à Paris, le 2 décembre 2023. Connu pour ses lourds troubles psychiatriques, le djihadiste franco-iranien a tué un touriste et blessé deux autres personnes près de la Tour Eiffel, armé d'un couteau et d'un marteau. Comme l’avait à l’époque révélé Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, ce converti de 27 ans se présentait dans sa vidéo d'allégeance à l'EI sous le nom de Abu Talha al-Khorasani, une référence directe à l’État islamique au Khorassan.

A LIRE AUSSI : Attaque du pont de Bir-Hakeim à Paris : l’épineux suivi des islamistes psychotiques qui sortent de prison

Dans la mythologie musulmane, le terme de « Khorassan » renvoie à l’est de la Mésopotamie, une zone recouvrant l’Asie centrale, l’Afghanistan, mais aussi une partie du Pakistan et de l’Iran, dont étaient originaires les parents d'Armand Rajapbour. Mais le groupe djihadiste n'avait pas revendiqué l'attentat.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne