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De la Manif pour tous à Zemmour : mais où sont donc passés les conservateurs ?
En l’absence d’accord avec le RN, Reconquête ! est bien parti pour n’avoir aucun député aux élections législatives.
Veuillet Quentin / Abaca

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De la Manif pour tous à Zemmour : mais où sont donc passés les conservateurs ?

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Avec le mariage pour tous, la crise migratoire et les succès qu’ils ont rencontrés dans les librairies, ils se voyaient déjà en haut de l’affiche. Mais le conservatisme ne prend pas dans les urnes, comme le montre le flop d’Éric Zemmour le 10 avril. Et demain, peut-être, un gadin aux législatives…

La droite conservatrice est déprimée. Mettez-vous une seconde à sa place : la France a réélu un président progressiste, fait échouer Marine Le Pen – qui se prévaut de toute façon d’un catéchisme plus national-populiste que conservateur –, mais aussi et surtout Éric Zemmour, dont le conservatisme réinventé à base de pop culture et savamment diffusé sur les réseaux sociaux a fini en chute libre. Pis, en l’absence d’accord avec le RN, Reconquête ! est bien parti pour n’avoir aucun député aux élections législatives. Côté LR, Pécresse n’a pas vraiment donné dans le conservatisme, et sa défaite a particulièrement réussi à ajouter une couche d’amertume à droite, après les échecs successifs de Sarkozy en 2012 et de Fillon en 2017. La droite conservatrice rate une nouvelle fois le train de l’Histoire. Elle n’est pourtant pas si loin, l’époque où elle avait le vent en poupe.

Vrai-faux renouveau

Un peu de chronologie pour y voir plus clair. À la faveur de la Manif pour tous et du quinquennat de François Hollande, la France a vécu ce que Gaël Brustier a appelé, dans un essai paru en 2014 aux éditions du Cerf, un « Mai 68 conservateur ». Attentats, loi Taubira, crise migratoire… la parole conservatrice s’est libérée – on songe ­notamment aux quatre années phares 2014-2017 – dans les librairies et dans la presse d’opinion. Dans le débat d’idées, on vit resurgir les citations de quelques figures de proue célébrées (à tort ou à raison) par ce courant, tels Simone Weil, Charles Péguy, Philippe Muray ou Georges Bernanos. Pour ce qui est des thématiques, il s’agit tout à coup de défendre une vision de l’homme mêlant éloge de l’identité, des frontières et de l’enracinement, et redécouverte de l’autorité sur fond d’animosité contre la fameuse déconstruction de l’« esprit de Mai 68 ». Dans un contexte où la droite intellectuelle reprochait à la droite politicienne de ne pas ­penser, d’en rester à une vision gestionnaire, à un simple réalisme économique rallié à la vision du monde de la gauche sur le « sociétal ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne