L'Académie de médecine a publié, ce 2 avril, un rapport sur les origines du Covid-19. Les scientifiques estiment qu'une fuite du virus du laboratoire de Wuhan est plausible en raison de pratiques scientifiques « à risques ». Ils plaident pour un meilleur encadrement des activités des laboratoires de recherche.
Connaîtra-t-on un jour l'origine de la diffusion du Coronavirus ? L'Académie de médecine s'est penchée sur la question. L'institution a, en effet, remis au cœur du débat l'origine de la pandémie de 2020 en publiant le rapport « De l’origine du Sars-CoV-2 aux risques de zoonoses et de manipulations dangereuses de virus ». S'il ne tranche pas réellement entre les deux hypothèses, celle d'une transmission naturelle de l'animal à l'homme ou la fuite du laboratoire de Wuhan, il conclut que cette dernière est plausible. Ce qui relance le débat de la responsabilité des chercheurs chinois dans les origines de la pandémie de 2020.
Pratiques à risques
Concernant les origines, « le présent rapport a été adopté à 97 % » selon les propos de Jean-Noël Fiessinger, président de l'Académie de médecine, rapportés par Libération. L'hypothèse d'une fuite du laboratoire est soutenue à plusieurs titres, selon l'institution, par un « un faisceau de faits et d'arguments ».
Le rapport souligne, plus précisément, des pratiques à risques de la part des chercheurs en laboratoire. Le document note, en effet : « La littérature récente décrit plusieurs exemples montrant qu’un certain nombre d’équipes poursuivent des expériences dans des conditions qu’elles estiment sans risque, alors que d’autres considèrent comme irresponsable de pratiquer de telles expériences jugées dangereuses, en raison de l’impossibilité d’en estimer les conséquences en cas d’accidents. »
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Le rapport évoque également, mais succinctement, la piste de la transmission naturelle. Celle-ci s'appuie sur la détection, sur le marché de Wuhan, d'échantillons génétiques laissant penser que des animaux, les chiens viverrins, auraient pu servir d'intermédiaire entre la chauve-souris et l'humain. Quant à cette hypothèse, l'Académie de médecine se contente de souligner l'absence d'éléments permettant de conclure en sa faveur.
Mesures de prévention
Face au danger que représente le risque de fuite, les auteurs du rapport plaident en faveur d'une plus grande surveillance de l'émergence de pathogènes dangereux chez les animaux et d'un meilleur encadrement des pratiques scientifiques. Libération a listé ces mesures d'encadrement : « des formations sur le sujet des risques [que comportent de telles pratiques], la formation de cellule d'éthique pour évaluer les recherches à risques, un renforcement des règles de biosécurité et une harmonisation des pratiques à l'échelle internationale. »
Par ailleurs, selon le même journal, l'Académie propose de « s’inspirer des mesures prises au sein de l’Institut Pasteur pour encadrer ce type de recherches » et de « créer des boîtes noires » afin d'enregistrer toutes les activités des scientifiques.
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Rapport contesté
Ce rapport a suscité un vif rejet chez des scientifiques favorables à l'hypothèse de l'origine naturelle, telle la chercheuse Florence Débarre qui a supervisé l'étude évoquant les chiens viverrins.
« Ce rapport est indigent scientifiquement », a-t-elle jugé dans une réaction à l'AFP et d'autres médias, l'estimant proche du « propos de comptoir complotiste » et « indigne de l'institution qui le publie ».
Elle pointe plusieurs erreurs factuelles ainsi que le choix de baser certaines affirmations sur des articles de presse mal étayés.