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"Je pense que l’école a besoin d’attention, de relations humaines, qu’un maître parle à chacun de ses élèves en le regardant dans les yeux, et en lui disant « tu comptes pour moi »."
"Je pense que l’école a besoin d’attention, de relations humaines, qu’un maître parle à chacun de ses élèves en le regardant dans les yeux, et en lui disant « tu comptes pour moi »."
Stéphane Geufroi/Ouest France

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Alain Bentolila : "20 % de notre population est soumise car elle n'a pas les mots pour se défendre"

Le grand entretien du jeudi

Propos recueillis par Isabelle Vogtensperger

Publié le

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Le linguiste Alain Bentolila publie « Controverses sur la langue française » (ESF Sciences humaines) où il revient sur « les petites lâchetés » par lesquelles, progressivement, notre langage devient exsangue et chaotique, au point de perdre sa fonction initiale : exprimer nos pensées, et nous mettre en rapport à l'altérité.

Le linguiste Alain Bentolila se penche, dans Controverses sur la langue française (ESF Sciences humaines), sur quelques idées tenaces, qui nous empêchent – voire nous dispensent – de nous confronter à l'état préoccupant dans lequel se trouve l'apprentissage du langage.

Hypocrisie d’un conformisme ambiant, qui veut que chacun « parle comme il veut ». Complaisance avec laquelle certains parents s’adressent à leurs enfants avec des tournures de phrases incorrectes et des créations langagières affligeantes : « Il est où le wha wha ? ». Mépris des hommes politiques, dont le discours, soit alambiqué soit appauvri, n’est plus en quête d’efficacité, le relais de convictions réelles, mais cache au contraire une absence de contenu. Toutes ces façons de malmener la langue – souvent de façon insidieuse – conduisent, selon le linguiste, à un désastre sociétal et humain. La fonction première du langage, qui est le partage, devient déficiente et conduit au communautarisme. Voire à la violence.

C’est un combat que mène Alain Bentolila, pour qui le moment décisif se joue à l’école, dont le rôle est de permettre à chaque enfant, d’où qu’il vienne, de se forger une pensée claire et construite, pour devenir un être humain libre et éclairé. Encore faudrait-il que l'école soit placée au centre des préoccupations politiques et du débat public, et qu’on lui donne les moyens nécessaires…

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne