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"Aussi reposant que Barnaby pour faire la sieste" : on a regardé les régionales avec Emmanuel Todd
D'habitude, Emmanuel Todd regarde l'inspecteur Barnaby l'après-midi car c'est "reposant pour faire la sieste" : là, c'était un peu pareil.
© "Marianne"

"Aussi reposant que Barnaby pour faire la sieste" : on a regardé les régionales avec Emmanuel Todd

"Soirée anti-électorale"

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Plutôt que de s'ennuyer tous seuls devant la soirée des régionales, on s'est dit qu'on allait inviter Emmanuel Todd, avec un verre de rouge. Et puis on l'a filmé, pour que vous en profitiez. Il nous a même confié son vote.

Il est arrivé en forme et rasé de près, plus préoccupé par sa « coupe de cheveux » à l'écran de Marianne que le discours de victoire de Xavier Bertrand. Les ourlets au-dessus de ses Paraboot plus remontés que jamais, signe évident que la machine à punchlines est affûtée. Emmanuel Todd était dans les locaux de Marianne ce dimanche 27 juin, pour suivre le résultat des élections régionales, et tenter d'en dire un peu plus que les propos de plateau télé, qui furent hier soir aussi standardisés que les modèles de lit chez Ikea. Le vin ? Il en a bu, certes, mais pas plus que d'habitude : il faut dire que la soirée n'était selon lui « pas très stressante », au vu d'un tel niveau d'abstention (66 %). Autant dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'enjeux pour un chercheur, puisqu « il ne s'est rien passé, c'était même reposant ».

Donner un sens à des résultats qui n'en ont pas

« J'ai jamais autant ri pour une soirée électorale, ou plutôt anti-électorale. Le seul truc important, c'est le taux d'abstention, et voir journalistes et politiques faire des efforts pour donner un sens à tout ça est juste tellement ridicule. » En fait, si Todd pense que « le grand jeu de ce soir est de donner un sens à des résultats qui n'en ont pas », c'est parce que « la démocratie n'existe plus depuis un bon moment en France ». Pour lui, cette dernière ne se limite pas à la liberté d'expression et au vote : « c'est un système politique où les hommes politiques peuvent agir, or l'encastrement de la France dans la logique européenne induit qu'ils ne peuvent plus. »

Allez, on vous divulgâche un coup l'entretien : Todd a parlé de l'euro et de la nécessaire « indépendance nationale » au bout de deux minutes, celle sans laquelle « tout est une comédie », les hommes politiques sont « des comédiens » et les journalistes des « critiques de théâtre ». Et ceci des présidentielles jusqu'aux régionales, où l'on atteint « le fond de la comédie ».

« S'asseoir sur le carcan européen »

Au vu du spectacle médiatico-politique de ce dimanche, a-t-on vraiment envie de le contredire ? L'intello aux pulls col rond par-dessus la chemise nous a laissés avec ce genre de retournement de perspective qui structure, une fois n'est pas coutume, ses raisonnements : « ce n'est pas que la démocratie est menacée, c'est qu'elle n'existe plus. » Quant au RN, Todd estime que ses résultats sont aussi l'une des conséquences du départ de Florian Philippot, évacué avec sa ligne souverainiste : « On ne peut pas avoir une action économique sans dire que le préalable est la sortie de l'euro et le fait de s'asseoir sur le carcan européen. »

D'habitude, Emmanuel Todd regarde l'inspecteur Barnaby l'après-midi car c'est « reposant pour faire la sieste » : là, c'était un peu pareil, tel qu'il nous le confie à la fin de l'entretien. Autant dire qu'il a hâte d'être au prochain scrutin...

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