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Une vie au service du fanatisme : Meyer Habib, la petite frappe du Betar derrière le député ami de Netanyahou
« Nous ne reprochons pas à Meyer Habib d’avoir une identité, mais d’être un identitaire. Un député de la nation promettant de siéger "au nom de la Torah", c’est non. »
Amaury Cornu / Hans Lucas

Une vie au service du fanatisme : Meyer Habib, la petite frappe du Betar derrière le député ami de Netanyahou

Portrait crashé

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Que reste-t-il de Meyer Habib, député de la huitième circonscription des Français établis hors de France, une fois conjurée l’infamante accusation d’antisémitisme, brandie par l’intéressé à la moindre critique ? Pas grand-chose en vérité : un personnage bouffon, grotesque dans ses meilleurs jours, ignoble à l’ordinaire.

Mise au point : notre « portrait crashé » du député Meyer Habib publié dans nos colonnes le 25 avril a provoqué l’émoi d’une partie de nos lecteurs. Nous tenions à clarifier notre propos, ici.

Comment, Meyer Habib, vous êtes juif !? Mettons-nous dans la tête d’un antisémite – tiens, il y a de l’écho : à ses yeux, le député binational de la huitième circonscription des Français établis hors de France, réélu en avril 2023 malgré l’annulation initiale du scrutin par le Conseil constitutionnel, est un fantasme réalisé.

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Un ancien directeur du joaillier Vendôme qui affrète des bus à la sortie des synagogues les jours d’élections, visé par une enquête pour détournement de fonds publics depuis 2022, soutien inconditionnel de son « meilleur ami » Benyamin Netanyahou, éructant, invectivant, larmoyant, semblant exclusivement préoccupé des intérêts de la communauté juive en France, et d’Israël dans le monde… L’Intransigeant n’aurait pas rêvé mieux.

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Cerise sur le ghetto, pour qui hait la « race » juive – ce qui, rappel, est un délit en plus d’une abomination –, le député d’origine tunisienne a la gueule de l’emploi. L’immense Élie Kakou nous pardonnera l’emprunt de cette formule pour décrire la physionomie du bonhomme : « Le friséééé, le poiluuuuu, le mat de peau, le doduuuu ! »

Grotesque et ignoble

Soyons clairs : sa gueule et sa kippa, ici, nous n’en avons rien à faire, tant qu’il n’arbore pas cette dernière dans les couloirs de l’Assemblée nationale, comme il le fit en 2016. Il aura probablement échappé au triple vice-président du Crif qu’il est censé représenter ses concitoyens d’Italie, de Grèce, de Turquie, de Malte et de Chypre, qu’ils soient croyants ou non… Nous ne reprochons pas à Meyer Habib d’avoir une identité, mais d’être un identitaire. Un député de la nation promettant de siéger « au nom de la Torah », c’est non.

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Mais que reste-t-il de l’homme, une fois conjurée l’infamante accusation d’antisémitisme, brandie par l’intéressé à la moindre critique ? Pas grand-chose en vérité : 62 ans, quatre enfants, fils d’un fabricant de vin casher, diplômé de l’institut de technologie Technion de Haïfa. Un personnage bouffon, grotesque dans ses meilleurs jours, ignoble à l’ordinaire.

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Grotesque, Meyer Habib parvient à l’être, une semaine après l’attaque terroriste du 7 octobre, à l’issue de la projection des images du massacre. « Je ne veux pas qu’ils voient mes larmes », déclare-t-il devant une douzaine de caméras, affichant une détresse si affectée qu’elle en devient risible.

Ignoble, celui qui revendique « sa passion, sa force, et son style » l’est volontiers lorsqu’il traite ses collègues de l’Assemblée de « petites connes », parle de la population de Gaza comme d’un « cancer » sur Radio J, ou participe à l’intimidation du socialiste Jérôme Guedj, tandis que ce dernier défend notre « commune humanité » à la tribune d’un rassemblement pour la libération des otages du Hamas. Sous l’écharpe tricolore ressurgit alors la petite frappe du Betar, mouvement de jeunesse sioniste radical, au sein duquel Meyer Habib faisait le coup de main dans ses jeunes années. Une vie au service du fanatisme.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne