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Clémence Guetté députée LFI-Nupes aux côtés de ses camarades à l'Assemblée nationale, le 19 juillet 2022.
Clémence Guetté députée LFI-Nupes aux côtés de ses camarades à l'Assemblée nationale, le 19 juillet 2022.
Julien Mattia / Le Pictorium/MAXPPP

Expulsion de l'imam Iquioussen : le revirement des Insoumis sur la justice et "l'Etat de droit"

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Quand la justice avait suspendu l'expulsion de l'imam Hassan Iquioussen, nombre de députés insoumis avaient alors salué « l'Etat de droit ». Après la décision inverse du Conseil d'Etat, rendue hier mardi, les mêmes Insoumis dénoncent « les pressions » de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire. L'Etat de droit, c'est fou ce que ça fluctue.

Le feu vert accordé par le Conseil d’État à l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen déplaît à la France Insoumise. Au point que certains n’hésitent pas à remettre en doute l’indépendance de la plus haute juridiction administrative. Le député Insoumis du Nord, David Guiraud a, par exemple, vivement contesté la décision prononcée ce mardi 30 août, affirmant qu’elle « ouvre grand la porte aux expulsions arbitraires » a-t-il écrit sur Twitter.

Sa camarade, députée du Val-de-Marne, Clémence Guetté, a enfoncé le clou, déclarant formellement « qu’il y a eu une pression de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire dans cette affaire ». « Les propos sont éminemment condamnables, il n’y a pas de sujet là-dessus. Il y a une instrumentalisation qui est faite, mais cet homme peut être jugé par la justice française » a-t-elle ajouté ce mardi sur franceinfo.

Sur Twitter, l'avocate de l'imam, Me Lucie Simon, a estimé dans la même veine que la décision du Conseil d'État symbolisait « un État de droit affaibli » et a déploré « un contexte alarmant de pression de l’exécutif sur le judiciaire ».

Recherché par la police

La France ne serait donc plus totalement un Etat de droit ? Le discours était pourtant inverse quand le tribunal administratif le 5 août dernier, avait suspendu l’arrêté d’expulsion du prédicateur du Nord. Nombre de cadres avaient alors salué cette décision. Le député LFI du Val-de-Marne Louis Boyard, avait même remercié l’institution judiciaire. « Merci au tribunal administratif d’avoir rappelé au Ministre de l’Intérieur que la France est un État de droit » avait-il publié sur Twitter quelques instants après l’annonce. De son côté, David Guiraud avait publié un communiqué ironisant sur « Darmanin et tous les apprentis procureurs »: « Que vont-ils bien pouvoir dire maintenant ? (...) Que l'Etat de droit est complice de l'islamisme lui aussi ? »

Dans sa décision, le Conseil d’État a justifié sa décision en estimant que le « discours antisémite » de Hassan Iquioussen, « réitéré (...) après ses excuses de 2004 », et son « discours systématique sur l'infériorité de la femme », dans « des vidéos toujours disponibles sur internet dont les dernières ont été réalisées en 2021 », constituaient bien « des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination ou à la haine ».

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Hier mardi en début de soirée, les policiers venus l'interpeller à son domicile, à Lourches, près de Valenciennes (Nord) ne l'ont pas trouvé, selon une source proche du dossier. Considéré comme en fuite, il est désormais inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR), a-t-on ajouté de même source en évoquant l'hypothèse que le prédicateur soit en Belgique.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne