Accueil

Monde Asie
De nombreuses Indiennes ont manifesté le 4 août pour dénoncer le meurtre et le viol d'une fillette dalit trois jours plus tôt, à New Delhi.
De nombreuses Indiennes ont manifesté le 4 août pour dénoncer le meurtre et le viol d'une fillette dalit trois jours plus tôt, à New Delhi.
Anadolu Agency via AFP

Inde : un prêtre et trois ouvriers inculpés pour le viol et le meurtre d'une fillette

Violences

Par

Publié le

Un prêtre et trois ouvriers ont été inculpés ce lundi 30 août pour le viol en réunion et le meurtre d'une fillette âgée de neuf ans à New Delhi, la capitale indienne. Ce drame vient s'ajouter à la longue liste d'assassinats de ce type dans le pays, où la violence contre les femmes est particulièrement élevée.

Alors qu’ils se trouvaient en détention depuis presque un mois, trois ouvriers et un prêtre ont été inculpés pour le viol et le meurtre d’une enfant de neuf ans, a annoncé ce lundi 30 août la police de New Delhi, en Inde. Tous encourent la peine de mort après le crime auquel ils se sont livrés le 1er août. Ce jour-là, une fillette se rend dans un crématorium au sud-ouest de la capitale pour chercher de l’eau. Elle ne reviendra jamais chez elle. La victime croise la route des trois hommes qui vont la violer, la tuer puis finalement l’incinérer.

La suite est encore pire. Les hommes auraient téléphoné à la mère de l’enfant et lui auraient fait croire qu’elle s’était électrocutée en récupérant de l’eau. D’après Ingit Pratap Singh, commissaire adjoint de la police pour le sud-ouest de Delhi, ils l'auraient avertie que si elle signalait l’incident à la police, les médecins chargés de l'autopsie viendraient prélever ses organes et les vendre. L’affaire aurait ainsi pu ne jamais être médiatisée mais des habitants sont intervenus pour retirer les restes carbonisés du bûcher.

L’acte d'accusation de la police de New Delhi pèse lourd : 400 pages compilent les « preuves scientifiques, techniques et autres » et les témoignages, a précisé samedi soir le gouvernement dans un communiqué, insistant sur la rapidité de réaction de ces derniers pour punir les auteurs présumés, afin de témoigner de sa « tolérance zéro » pour les crimes commis contre les femmes et filles de ce pays d’1,3 milliard d’habitants. Le gouvernement affirme même avoir exercé des pressions pour que les quatre hommes soient inculpés dans le mois suivant ce crime.

Près de cent viols par jour

Plusieurs meurtres tout aussi barbares ont frappé l’Inde ces dernières années. En janvier 2018, une fillette musulmane de huit ans avait été enlevée, droguée, séquestrée et violée dans un temple hindou , alors qu'elle allait chercher ses chevaux dans l’État de Jammu-et-Cachemire, dans le nord du pays. Son corps sans vie avait été retrouvé cinq jours plus tard. Le 31 mai 2019, un bébé de deux ans avait été kidnappé et tué à Aligarh, dans le nord du pays, car son grand-père devait 10 000 roupies (127 euros) à deux hommes. Découvert trois jours plus tard dans une décharge, le corps de la petite fille était méconnaissable car des chiens errants l’avaient dévoré.

Sept ans plus tôt, l’affaire du viol collectif de Jyoti Singh, une étudiante en physiothérapie, avait permis de placer le thème des violences faites aux femmes au cœur des débats nationaux. Le 19 décembre 2012, cette jeune femme de 23 ans avait été violée avec une barre de fer par six hommes, dans un autobus de la capitale, avant de décéder le 29 décembre. Quatre accusés ont été pendus en 2020, l’un s’est suicidé en prison et le dernier, mineur, a écopé de trois ans de prison. Un moyen pour le pouvoir en place de se défendre contre les accusations de laxisme.

La fillette assassinée début août 2021 appartenait à la basse caste des dalits, une communauté extrêmement dévalorisée socialement et économiquement. Le président Ram Nath Kovind en est lui-même issu. Cette caste est régulièrement victime de discriminations et d’agressions en Inde. En septembre 2020, une jeune Dalit de 19 ans a été retrouvée baignant dans son sang et paralysée après des blessures à la moelle épinière, dans l’État de l’Uttar Pradesh, au nord de l'Inde. La victime, qui n'a pas survécu, a été attaquée par quatre hommes de caste supérieure. Le signe, selon la militante féministe Kavita Krishnan, d’une « violence structurelle » visant les femmes dalits dans un pays où 90 viols de femmes sont recensés quotidiennement.

À LIRE AUSSI : Le trafic d’organes, conséquence de la crise du Covid-19 en Inde

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne