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Impôt sur le revenu indexé sur l'inflation : Le Maire choisit de faire... comme d'habitude
Bruno Le Maire
IP3 PRESS/MAXPPP

Impôt sur le revenu indexé sur l'inflation : Le Maire choisit de faire... comme d'habitude

Le renouveau, c'est pas Bruno

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Sur BFMTV, le patron de Bercy a indiqué que le gouvernement allait indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation. Ce qui est le cas chaque année, à deux exceptions près (2012 et 2013). Mais cela n’empêche pas Bruno Le Maire de faire cet ajustement quasi automatique un argument politique.

Nouvelle mode en macronie : faire passer des dispositifs en place depuis des années pour des mesures politiques volontaristes. Il y a un mois, le député LREM Gilles Le Gendre attribuait à Macron les mérites d’une hausse automatique du Smic. Ce mercredi 8 juin, c’est au tour du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, de faire du neuf avec du vieux. Sur BFMTV, le patron de Bercy a en effet indiqué que le gouvernement allait indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation. Ce qui est le cas chaque année, à deux exceptions près (2012 et 2013). Une révolution, mais au sens astronomique du terme.

« BLM » résume parfaitement l’esprit de ce mécanisme : « Il est hors de question que des salariés, des Français, paient plus d’impôt sur le revenu ou rentre dans le barème de l’impôt sur le revenu à cause de l’inflation, donc nous allons indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, pour éviter ces effets de seuil (…). Nous augmentons les seuils du montant de l’inflation, pour éviter que des Français se retrouvent à payer plus d’impôts. » Soit. C’était déjà le cas pour chacune des lois de finances du quinquennat précédent : 1,4 % dans la loi de Finances pour 2022, 0,2 % pour l’édition 2021, etc. Rien de neuf donc, puisque cette mesure apparaît en général dès le deuxième article des lois de Finances.

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Mais cela n’empêche pas Bruno Le Maire de faire cet ajustement quasi automatique un argument politique : « Je vous ai parlé de notre ligne politique : le travail, la valorisation du travail, le soutien aux entrepreneurs… Un des éléments clefs de la politique que nous menons depuis cinq ans avec Emmanuel Macron, c’est la baisse des impôts », explique-t-il.

C’est vrai, la reconduction de l’indexation des tranches de l’impôt sur le revenu sur la hausse des prix constitue cette année un enjeu plus important qu’à l’accoutumée, compte-tenu du niveau d’inflation anticipé (plus de 4 % selon la Banque de France). En clair : soit le gouvernement protège le pouvoir d’achat des Français au détriment du Trésor public en évitant une hausse mécanique des impôts, soit il remplit les caisses en gelant l’indexation du barème. Bruno Le Maire a choisi la première option, c’est-à-dire faire comme d’habitude. Belle démonstration de volontarisme.

Comme le rappelle Les Echos, le gel du barème en 2012 « avait conduit 400.000 nouveaux foyers à payer l'impôt sur le revenu et avait rapporté 1,7 milliard d'euros à l'Etat ». « Le surcoût s'était élevé à 80 euros en moyenne pour près de 20 millions de foyers, dont 500 euros en moyenne pour les 314.000 ménages de la dernière tranche », expliquent nos confrères. Mettre les plus riches à contribution ? Ce n’est pas le genre du gouvernement.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne