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Un nouvel oligarque a été retrouvé mort à son domicile, à Moscou, ce mercredi 28 septembre 2022.
Un nouvel oligarque a été retrouvé mort à son domicile, à Moscou, ce mercredi 28 septembre 2022.
Alexander NEMENOV / AFP

Défenestrations, "suicides", pendaisons… La liste des morts mystérieuses d’oligarques russes s'allonge

Guerre en Ukraine

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Un nouvel homme d’affaires russe, Pavel Pchelnikov, directeur de la compagnie ferroviaire d'État, a été retrouvé mort, ce mercredi 28 septembre, dans des circonstances obscures.

Une nouvelle mort mystérieuse vient s’ajouter à une longue liste de décès d'oligarques russes , depuis le début du conflit en Ukraine. Âgé de 52 ans, Pavel Pchelnikov, le directeur de la compagnie ferroviaire d'État Russian Railways (RDZ), a été retrouvé inanimé sur son balcon dans la capitale Moscou, ce mercredi 28 septembre. Les autorités locales citées par le quotidien Moskovski Komsomolets , évoquent un suicide par balle. Coïncidence ou non, l’entreprise de Pavel Pchelnikov a récemment été accusée de ne pas avoir suffisamment protégé les infrastructures du réseau ferroviaire russe contre les hackers basés en Ukraine, ce qui avait entraîné des retards considérables dans l'acheminement du matériel essentiel aux troupes russes.

Fin avril, Marianne évoquait déjà six morts suspectes de hauts responsables russes. La série noire avait commencé par les décès de deux anciens cadres de Gazprom , géant russe de l'extraction de gaz. Auparavant, en janvier, le corps du directeur général de la compagnie, Leonid Schulman, avait par ailleurs été retrouvé sans vie dans sa salle de bains, près de Saint-Pétersbourg, près d’une lettre évoquant un suicide..

Le 25 février, son directeur adjoint, Alexander Tyulyakov, était découvert pendu dans le garage d’une chaumière, à proximité de Saint-Pétersbourg. Selon le témoignage d’un des enquêteurs à Novaïa Gazeta, principal journal d'opposition en Russie, les officiers de police sur place auraient été priés de s’en aller rapidement par les services de sécurité de Gazprom. Trois jours plus tard, le 28 février, dans la banlieue ouest de Londres, au Royaume-Uni, Mikhail Watford, un milliardaire russe ayant fait fortune dans le pétrole et le gaz, était retrouvé mort dans son garage. Auprès du Guardian, la police évoquait un décès « inexpliqué » sans pour autant le juger « suspect ».

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Le 23 mars, le journal russe Kommersant annonce le décès du milliardaire Vasily Melnikov et de sa famille dans leur appartement de Nijni-Novgorod, sixième ville la plus importante de la Fédération de Russie. Les enquêteurs, cités par le journal, affirment qu'il s’est suicidé dans sa salle de bains, une artère tranchée après avoir tué sa femme et ses deux enfants de 4 et 10 ans. D'après le média ukrainien Glavred, l'entreprise du milliardaire subissait d'importantes pertes en raison des sanctions occidentales.

Un mois après, le 18 avril, Vladislav Avaev, l’ancien vice-président de Gazprombank, est retrouvé mort avec sa femme enceinte et sa fille de 13 ans dans son appartement de luxe à Moscou. La police pense à un meurtre puis un suicide par balle. Le lendemain, à 4 000 kilomètres de la capitale russe, le corps de Sergey Protosenya, ancien directeur général de Novatek, numéro 2 du gaz russe, était retrouvé suspendu à une corde dans une villa de la station balnéaire de Lloret de Mar, en Espagne. À quelques mètres, les forces de l'ordre trouvent deux autres corps : celui de sa femme, Natalia, et de leur fille Maria, âgée de 18 ans. Elles auraient été battues puis manifestement tuées à l'arme blanche.

« Malheureux accident »

Mais la série noire ne s’arrête pas là. Début mai, c’est au tour d’Andreï Krukovsky, le gérant d’un domaine skiable appartenant à Gazprom. Il aurait chuté d’une falaise lors d’une randonnée à Sotchi, dans le sud de la Russie. Les médias russes parlent d’un « malheureux accident ». Quelques jours plus tard, l’ancien directeur général de Lukoil – le plus grand producteur de pétrole russe Alexander Subbotin, meurt après une visite chez un chaman, dans la banlieue de Moscou. Le 4 juillet, Youri Voronov, PDG d'Astra-Shipping, un sous-traitant de Gazprom, est retrouvé sans vie au bord de sa piscine à Saint-Pétersbourg, plusieurs balles dans la tête. Pour les enquêteurs, il s’agissait d’un règlement de compte « avec des partenaires commerciaux ».

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Plus récemment, le 14 août, Dan Rapoport, un Américain d’origine lettonne connu pour ses positions anti-Poutine, se serait jeté du balcon de son appartement de luxe à Washington. Étrangement, le président de Lukoil, Ravil Maganov, meurt dans des circonstances similaires le 1er septembre. Il tombe de la fenêtre de l’hôpital moscovite dans lequel il récupérait d’une attaque cardiaque. Enfin, le 14 septembre, Ivan Pechorin, dirigeant de la Société russe de développement pour l'Extrême-Orient et l'Arctique, saute de son bateau lancé à pleine vitesse. Malheureusement, il ne savait pas nager.

Si le rapprochement chronologique et circonstanciel de ces morts et la proximité de ces hommes avec Vladimir Poutine saute aux yeux, il reste difficile d'affirmer qu'il s'agit d'une série criminelle plutôt qu'une pluie de coïncidences.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne