Accueil

Société Terrorisme
Tandis que l’état de Salman Rushdie s’améliore, l’Iran rejette toute responsabilité dans l’attaque
Salman Rushdie, un écrivain en lutte contre l'islamisme depuis des décennies.
DAVID HARTLEY/REX/SIPA

Tandis que l’état de Salman Rushdie s’améliore, l’Iran rejette toute responsabilité dans l’attaque

Attentat

Par

Publié le

Trois jours après l’attaque dont il a fait l’objet, l’écrivain Salman Rushdie se trouve sur « la voie du rétablissement » ce lundi 15 août. Le gouvernement iranien nie, de son côté, toute responsabilité dans la tentative de meurtre dont est accusé Hadi Matar.

Un symbole de la liberté attaqué mais toujours en vie. Vendredi 12 août, Salman Rushdie était victime d’une tentative d’assassinat dans l’État de New York, alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole lors d’une conférence. Poignardé dix fois au cou, à l’abdomen et au bras, l'écrivain a été hospitalisé puis placé sous assistance respiratoire, son état laissant craindre la perte d’un œil. Trois jours plus tard, les nouvelles poussent à l’optimisme : Rushdie n’a plus besoin de respirateur et il a recommencé à parler. « La voie du rétablissement a commencé […] Les blessures sont graves, mais son état évolue dans la bonne direction », a indiqué son agent Andrew Wylie dans un communiqué transmis au Washington Post.

Après l’attentat, la question de la responsabilité de pouvoirs politiques continue de se poser. Le suspect, Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise et d’obédience chiite, voue visiblement un culte au Hezbollah et à la République islamique d’Iran.

L'Iran s'en lave les mains

Ce même régime théocratique qui a lancé, par la voix de l'ayatollah Khomeiny, une fatwa sur Salman Rushdie le 14 février 1989, après la parution de son ouvrage les Versets sataniques. Ce lundi matin, le gouvernement iranien, jusqu'ici silencieux, a démenti « catégoriquement » toute responsabilité dans l’attaque contre l’auteur. « Personne n'a le droit d'accuser la République islamique d'Iran », a renchéri Nasser Kanani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

A LIRE AUSSI : Salman Rushdie : "Les musulmans finiront par se révolter contre le fanatisme qui dévore leur monde"

Pire, Nasser Kanani rejette la responsabilité sur… Salman Rushdie lui-même « et ses partisans ». Tous méritent, selon lui, « d'être blâmés et même condamnés », a-t-il conclu lors de sa conférence de presse hebdomadaire dans la capitale, Téhéran. « En insultant les choses sacrées de l'islam et en franchissant les lignes rouges de plus d'un milliard et demi de musulmans et de tous les adeptes des religions divines, Salman Rushdie s'est exposé à la colère et à la rage des gens », a-t-il ajouté. Une position partagée par Mohammad Marandi, le conseiller de l'équipe de négociateurs sur le dossier nucléaire iranien : « Je ne verserai pas de larmes pour un écrivain qui dénonce une haine et un mépris sans fin pour les musulmans et l'islam. »

De même, la presse conservatrice iranienne s’en est donné à cœur joie en chantant les louanges d’Hadi Matar. Ainsi, le quotidien Kayhan a écrit : « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie […] Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau. »

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne