L'ancien ministre et ses proches ont officialisé ce mercredi 27 avril le lancement de leur mouvement politique, qui présentera une dizaine de candidats membres de la majorité présidentielle aux prochaines législatives.
« Faire surgir une nouvelle offre politique, capable de dynamiser la meilleure part de nos élites, de reconquérir les classes populaires, et de donner au peuple français dans toutes ses composantes le sentiment qu'il peut renouer avec son destin ». Et tout cela, avec une poignée de députés ! Refondation républicaine (RR), nouveau venu dans la galaxie de la majorité présidentielle, ne manque pas d'ambition. Ce mercredi 27 avril, dans le cossu auditorium de l'Académie d'agriculture de France à Paris, Jean-Pierre Chevènement a officiellement lancé un projet qui était dans les cartons depuis plusieurs semaines : un parti politique voué à s'inscrire dans la Macronie.
Depuis que les prodromes de cette « Refondation républicaine » ont été ébruités, l'entourage de l'ex-ministre de François Mitterrand bruisse d'avis contradictoires : le soutien à Emmanuel Macron est-il justifié par le dépassement du clivage gauche-droite, ou condamnable tant le président réélu représente l'antithèse du rassemblement des « républicains des deux rives » théorisé par Chevènement ? Est-il constructif ou compromettant de vouloir peser en interne sur les arbitrages de la future majorité ? Jean-Yves Autexier, le président de Refondation républicaine, a pris soin de justifier la démarche : « Les idées directrices de Jean-Pierre Chevènement se trouvent désormais au coeur des objectifs du président réélu », assure ce fidèle parmi les fidèles du « Che » : reconquête de l'indépendance industrielle, agricole et énergétique de la France, relance du nucléaire et de la planification, abandon des critères néolibéraux de Maastricht, rôle de l'Etat stratège, exigence républicaine sur la laïcité, contre l'islamisme et les « idéologies de la déconstruction »… L'évolution idéologique d'Emmanuel Macron, pour qui Chevènement n'a pas voté en 2017, justifierait son ralliement. « Refondation républicaine est le terme logique d’une démarche qui s’inscrit dans l’histoire », estime Jean-Pierre Chevènement : la gauche s'étant « liquidée toute seule du fait de ses choix erronés » dans les années 1980 et 1990, il n'est plus question pour l'ancien animateur du CERES au sein du Parti socialiste de s'y inscrire.
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Une dizaine de circonscriptions espérées
Comme beaucoup, Chevènement livre le diagnostic d'une tripartition du paysage politique français. Sans rejeter les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, l'octogénaire pointe une « accumulation de désespoirs, de rancoeurs, de colères parfois justifiés. Mais on ne fait rien de tout ces sentiments s'ils ne sont pas instruits par la réflexion, par une recherche exigeante de ce qui fait le bien commun. » Dans cette optique, Refondation républicaine se présente comme « le môle à partir duquel on peut reconstruire quelque chose qui tienne la route ».
Plus prosaïquement, ce petit mouvement — 150 membres revendiqués, un bureau exécutif de six personnes et un siège situé boulevard Auguste-Blanqui dans le 13e arrondissement de la capitale — se présente comme l'une des familles constitutrices de la future majorité parlementaire qu'Emmanuel Macron ambitionne de former. Aux côtés de LREM, des centristes du MoDem, de la droite libérale d'Agir et d'Horizons, des divers sociaux-démocrates (Fédération progressiste, Territoires de progrès…), il y aura donc une « sensibilité républicaine », celle de RR. Si les arbitrages finaux autour de la répartition des candidatures aux législatives ne sont pas encore rendus, les chevènementistes espèrent obtenir une dizaine de circonscriptions, des territoires où LREM ne dispose pas de député sortant. D'après nos informations, RR devrait présenter des candidats à Belfort, fief historique de Jean-Pierre Chevènement, mais également à Dunkerque (Nord) et dans la Sarthe. Ces candidats bénéficieront du label commun de la majorité présidentielle lors de leur campagne.
Chevènement souligne que son soutien à Macron « n'est pas un blanc-seing », et qu'il « n'abandonnera pas [ses] grilles d'analyse ». Néanmoins, l'ex-ministre concède que « l'appartenance à la majorité oblige à respecter un certain nombre de règles ». En clair, les potentiels députés RR chercheront à peser lors des débats internes à la majorité, mais respecteront la discipline de vote s'ils sont mis en minorité. Mais avant cela, il faut se faire élire aux législatives.