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Le BHV du Marais fait partie des huit centres commerciaux parisiens concernés par la présentation du passe sanitaire.
Le BHV du Marais fait partie des huit centres commerciaux parisiens concernés par la présentation du passe sanitaire.
Hans Lucas via AFP

Passe sanitaire dans les centres commerciaux : de la contestation à la cacophonie

Confusion dans les rayons

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La mise en place du passe sanitaire dans les centres commerciaux français de 20 000 mètres carrés et plus entraîne des tensions grandissantes avec les clients. Le Conseil national des centres commerciaux, qui évoque une chute d’un quart de la fréquentation, a appelé mardi 31 août à sa suspension.

En vigueur dans les lieux de culture et les restaurants le passe sanitaire s’applique aussi dans les centres commerciaux de 20 000 mètres carrés et plus. Une mesure qui passe très mal, autant au niveau des professionnels que de certains clients. Ce mardi 31 août, le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a officiellement appelé au retrait du passe, évoquant « une chute d'un quart de la fréquentation dans l'ensemble des centres commerciaux ». Cette baisse s’observe « non seulement (dans) les grands centres commerciaux métropolitains soumis au contrôle du passe sanitaire dans lesquels elle atteint 30 % à 40 % mais également (dans) tous les centres dans l'ensemble des territoires ».

Les Français se trouveraient même dans une confusion totale, d’après le CNCC. Autrement dit, ils ne savent plus où ils ont le droit de se rendre, sans le passe. Or, « l'incertitude est l'ennemi de la confiance et de la consommation », considère Gontran Thüring, le délégué général du CNCC, interrogé par l’AFP. Par ailleurs, ces suspensions interviennent à l’aube de la rentrée scolaire, le 2 septembre. Pour les retardataires, c’est le dernier carat pour acheter les fournitures manquantes. Ces dernières, souvent disponibles dans les grandes surfaces, ne doivent pas devenir des marqueurs d’iniquité, selon le CNCC.

Des arrêtés suspendus dans plusieurs départements

Dans plusieurs départements, les arrêtés préfectoraux ont déjà été suspendus. C'est le cas dans les Yvelines, depuis le 24 août. Le tribunal administratif de Versailles a estimé que l’interdiction de pénétrer dans les 14 centres commerciaux du département, sans passe, constituait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale d’aller et venir ». De plus, aucun aménagement n’était prévu pour les clients ne disposant pas du passe, s’ils voulaient acheter des biens de première nécessité. « Alors que l’accès aux centres alimentaires n’a jamais été interdit, même au plus fort de la crise sanitaire, cet arrêté instaure une inégalité de traitement », jugeait Me Yoann Sibille.

Cet avocat a également déposé un recours au nom du centre commercial Okabé, au Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne. Les Yvelines ont été suivies par le Haut-Rhin et l’Essonne où l’arrêté a été suspendu le 28 août, à la suite d’un recours déposé par une habitante. Ce mardi, le tribunal administratif des Hauts-de-Seine a également suspendu l'arrêté préfectoral concernant dans deux grandes surfaces.

Des décisions qui pourraient bien faire boule de neige à Paris : dimanche, le syndicat Sud Commerce et l’avocat Me Tarek Koraitem ont à leur tour déposé deux recours pour contester cette obligation de présenter un passe dans huit centres commerciaux de la capitale. L’audience doit avoir lieu ce mardi au tribunal administratif de Paris.

Clients, manifestants et vigiles : des bousculades aux dégradations

Des tensions entre clients et agents de sécurité chargés de vérifier les passes ont été notées ces dernières semaines. Dans une vidéo diffusée sur Twitter, une jeune femme masquée essaie de pénétrer dans un supermarché de Drancy (Seine-Saint-Denis), par une entrée non autorisée et sans son passe. Elle est violemment repoussée par des vigiles. Ulcérée, elle interpelle même directement l'un d'eux : « Je suis choquée des gens comme toi ! ».

Plusieurs établissements ont été ciblés par des manifestants hostiles au passe. Samedi 21 août, certains ont forcé l’entrée du centre commercial Mériadeck, à Bordeaux, en scandant : « Liberté ! ». Bilan : 10 000 euros de réparations, à la charge des commerçants de la galerie. Le 18 août, une quarantaine de mécontents ont tenté de rentrer dans le centre commercial Leclerc Tempo, à Pau. Les policiers ont dû s’interposer entre les vigiles et les manifestants, tous échauffés.

Et qu’en pensent plus largement les Français ? Difficile de trouver des chiffres concernant l’usage du passe sanitaire dans les centres commerciaux. En revanche, selon un sondage Elabe, L'Opinion en direct, pour BFMTV publié le 23 août, 77 % d’entre eux l’approuvent dans les transports, 64 % dans les bars et restaurants et 72 % pour les lieux de loisirs et de culture.

À LIRE AUSSI : "Pourquoi le passe sanitaire est illégal, malgré la décision du Conseil constitutionnel"

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne