Quelque 123 000 appels passés, 44 600 praticiens sollicités dans 316 villes. Et un terrible constat : le désert médical touche plus d’un tiers de la population. Sur fond de grandes disparités territoriales, voici le triste palmarès des villes les plus désertées par les toubibs.
« Le désert, l’ennui et la colère. » Par ce triptyque se termine un vers de Rimbaud tiré de son célèbre recueil Une saison en enfer. Dans une version beaucoup moins poétique, il s’applique parfaitement à la géographie médicale du pays. Le désert des toubibs s’étend au fil des années. Des régions entières – en enfer ? – se retrouvent privées de spécialistes et laissent démunis leurs habitants, en colère comme jamais. En colère non contre les médecins – ils n’en voient presque plus –, mais contre les standards téléphoniques, contraints de leur proposer une consultation à l’horizon de plusieurs semaines, voire quelques mois. Parfois même de leur proposer d’aller voir ailleurs, plus loin. En colère, plus généralement, contre une situation d’abandon républicain, tant la santé tient sans contredit possible du service public.