Accueil

Société Écologie
Crise de l’énergie : cinémas, facs, piscines… à quoi va ressembler votre hiver ?
Un couloir de l'université de Strabourg, contrainte de fermer ses portes pendant deux semaines cet hiver face à la flambée des prix de l'énergie.
PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP

Crise de l’énergie : cinémas, facs, piscines… à quoi va ressembler votre hiver ?

En mode éco

Par

Publié le

Face à la flambée des prix de l'énergie, plusieurs entreprises et administrations ont décidé de rationner éclairage et chauffage afin de limiter l'envolée de leurs factures… non sans répercussions sur la vie quotidienne. Tour d’horizon des mesures effectives et annoncées.

Moins de séances au cinéma

La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a dévoilé jeudi 22 septembre des mesures, non chiffrées et non obligatoires, pour tenter de réduire rapidement la consommation énergétique des salles. En pratique, les 6 193 salles de cinéma françaises sont invitées dans une charte à éteindre leurs enseignes en dehors des heures d'ouverture, baisser le chauffage conformément à l'objectif gouvernemental de 19° en intérieur, réduire la climatisation, éteindre les projecteurs en dehors des séances ou encore adapter les horaires d'ouverture « en fonction des flux de public »

Les cinémas devront-ils réduire le nombre de séances, notamment les moins fréquentées, pour faire des économies ? Le sujet divise la profession. « Le problème de l'énergie est absolument majeur, tout ce que nous faisons pour reconquérir le public n'a pas d'intérêt si on doit payer des factures monumentales », a souligné à l’AFP Sophie Dulac, exploitante de plusieurs cinémas parisiens. « Est-ce que nous devons continuer à ouvrir nos salles de cinéma pour une ou deux personnes ? Même si j'adore être seule dans une salle de cinéma, sur le plan économique c'est une catastrophe », s'est-elle interrogée.

Fermeture des universités

De son côté, l'Université de Strasbourg va fermer ses portes deux semaines supplémentaires cet hiver, a annoncé la présidence lundi, une option dénoncée par les organisations syndicales. « Une troisième semaine de congé de Noël début janvier et une semaine complète de cours en distanciel en février » vont être mises en place, a détaillé Michel Deneken, le président de l'université, dans une vidéo adressée aux étudiants et publiée sur YouTube. La rentrée, initialement prévue le 3 janvier 2023, aura finalement lieu le 9 janvier, au terme d'une semaine de fermeture administrative, sans qu'aucun enseignement ne soit assuré.

A LIRE AUSSI : Envolée des cours de l’électricité : comment cela va peser sur les factures

Parmi les autres mesures d'économie, le chauffage, fixé à 19 degrés, sera allumé « le plus tard possible » et une campagne de communication sera déployée « en faveur des écogestes pour une planète plus durable », a également affirmé Michel Deneken. Ailleurs en France, d’autres facultés réfléchissent à des mesures pour faire baisser la note. À l’université Paris-Nanterre, la facture énergétique pourrait « augmenter d’environ 600 % », a confié au Figaro le président Philippe Gervais-Lambony. « Nous avons lancé un groupe de travail pour décider des mesures à prendre ». Des réflexions partagées par les universités d’Aix-Marseille, celle de Gustave-Eiffel située à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) soulignent encore nos confrères.

Éclairage public au rabais

En réduisant dès l'automne l'éclairage nocturne de la Tour Eiffel et des bâtiments municipaux de la capitale, dont l'Hôtel de Ville, Paris veut « donner l'exemple », a justifié la maire Anne Hidalgo. Lille, qui a cessé d'éclairer les bâtiments publics la nuit, sauf sur la Grand'Place et la place de l'Opéra, ce qui lui permettra, selon elle, d'économiser 170 000 kWh par an, l'avait devancée début septembre. Marseille a acté une mesure similaire avec l'extinction des feux à 23 h 30, et à 22 h 30 en hiver, pour ses 140 monuments, avec Notre-Dame-de-la-Garde pour seule exception.

A LIRE AUSSI : Les Français verront-ils leur chauffage coupé cet hiver ?

La mairie de Toulon veut atteindre le même objectif « le plus vite possible ». Depuis juillet 2021, l'emblématique citadelle Vauban de Besançon n'est plus éclairée systématiquement la nuit « pour baisser la consommation d'énergie, préserver la biodiversité et limiter la pollution lumineuse », selon la maire Anne Vignot. Les mêmes raisons sont invoquées par la ville de Montpellier, qui a validé et accentué en avril une expérimentation d'extinction de l'éclairage public sur cinq axes routiers.

Petite laine au musée et dans les gymnases

Lille avait marqué les esprits en annonçant une baisse de température de 2 degrés – de 20 à 18 °C – dans deux musées, une baisse équivalente de la température de l'air et de l'eau dans les piscines municipales, ou encore deux heures de chauffage en moins en fin de journée dans les salles de sport. Là aussi, Paris a emboîté le pas en annonçant une baisse généralisée d'un degré de tous les bâtiments ne recevant pas un public vulnérable (Ehpad et crèches). Le début du chauffage, désormais fixé à 18 °C, sera repoussé à la fois le matin, d'une demi-heure, et dans l'automne, d'un mois.

À Lyon, la Métropole a arrêté à 19 °C la consigne de chauffe cet hiver dans son patrimoine pour faire face au doublement anticipé (de 55 à 100 millions d'euros) des coûts de l'énergie en 2023. La même température vaudra pour les communes rurales de la Vienne, avec un système de bonus/malus pour récompenser les municipalités les plus économes, et à Marseille, qui a par ailleurs fixé à 26 °C le palier pour la climatisation l'été dans ses locaux. À Libourne, le maire Philippe Buisson a carrément décidé « de ne quasiment plus chauffer les gymnases » maintenus à… 10 degrés, sauf pour les douches et les vestiaires.

Fermeture des piscines

Comme Lille, la mairie de Toulon a prévu de baisser la température de l'eau de ses piscines de deux degrés, de 28 °C à 26 °C, « sauf pour une piscine qui accueille des maternelles et des bébés », et réfléchit également à des fermetures « ponctuelles » de ces établissements énergivores, par exemple lors des vacances scolaires.

A LIRE AUSSI : La hausse des prix de l’énergie affecte surtout les ménages des zones rurales

Si Paris n'envisage cette option qu'en « dernier recours », sa voisine Issy-les-Moulineaux a franchi le pas cet été, en fermant la plus énergivore de ses deux piscines, pour lesquelles l'envolée des prix de l'énergie représente un surcoût de 400 000 euros par an. Lille a également annoncé que deux fontaines municipales ne seraient pas remises en fonctionnement pour économiser l'eau et l'énergie. Les annonces de ce type vont se poursuivre dans les prochains jours, avec des plans d'économies attendus par exemple à Toulouse et Grenoble.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne