Les ventes de la filière bio ont chuté d’environ 5 % dans la grande distribution, entre janvier et octobre 2022. Une baisse de régime due au contexte inflationniste, mais aussi à des méthodes de communication qui ne sont plus adaptées au marché, selon Vincent Chatellier, ingénieur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae).
Marianne : Le marché français des produits alimentaires bio vendus en grande distribution s’est rétracté d’environ 5 % au cours des dix premiers mois de 2022, selon le cabinet d’études IRI. Après plusieurs années de croissance, la consommation ayant doublé entre 2015 et 2020, quelle est l'origine de ce ralentissement ?
Vincent Chatellier : Cela fait quinze ans que la filière bio connaît des taux de croissance à 10-15 % par an. C’est donc une petite décélération momentanée, majoritairement liée à l’inflation, mais pas une chute majeure. Il ne faut pas exagérer le terme. On a tendance à dramatiser ce qui est, je trouve, une assez belle résistance dans un chemin de croissance exceptionnel. D’ailleurs, toutes les enquêtes montrent que les gens n’ont pas de désamour pour le bio. Mais le problème, c’est qu’en situation d’inflation sur l’alimentaire [à hauteur de 13,5 % sur un an selon l’Insee] les consommateurs vont préférer des produits plus standards. De manière extrêmement rapide, les clients s’adaptent au prix.
