La célèbre association est traversée par des tensions entre les diverses sensibilités politiques qui la composent. Un livre écrit par des économistes souverainistes et keynésiens s’est vu refuser le label par les autres « atterrés », tandis qu’un projet de « refondation » du collectif fait naître la crainte d’une scission.
Pour de nombreux citoyens friands d’actualité, les Économistes atterrés sont un peu comme une éclaircie dans la tempête. Dans un paysage audiovisuel largement dominé par le consensus néolibéral, cette association lancée à l’automne 2010 par un manifeste s’est donnée pour devoir de porter une voix différente, résolument ancrée à gauche, décidée à porter le fer contre les dogmes du marché dérégulé, de l’austérité budgétaire et du libre-échange à tous crins. Mais cette institution désormais bien installée dans le débat public traverse une période de tensions, qualifiée de « crise profonde » par plusieurs de ses membres.
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Le malaise au sein des Économistes atterrés fait écho aux clivages qui traversent plus largement la gauche française. L’existence de plusieurs sensibilités au sein de l’association n’est pas nouvelle, et assumée en interne, où l’on parle volontiers de « deux pôles », de « deux équipes ». D’un côté, des économistes keynésiens, souverainistes et républicains, favorables à davantage d’intervention publique dans l’économie, très critiques du libre-échange et du rôle de l’Union européenne. De l’autre, une tendance plus libertaire, féministe et écologiste, méfiante à l’égard de l’État, en faveur de la décroissance et encline à dépasser le cadre national. Ce pôle, plus « gauchiste » que le premier, selon ses détracteurs, inclut notamment des personnalités liées à d’autres structures : Jean-Marie Harribey est l’ancien coprésident d’Attac et a également codirigé son conseil scientifique, Éric Berr est le coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, la fondation intellectuelle de La France insoumise.